lundi 7 janvier 2013

Galik, Une nuit bien remplie

Voici le deuxième texte écrit pour mettre dans l'ambiance de cette ville gothique où le danger rôde à chaque coin de rue. L'histoire d'un jeune garnement, vue par nul autre que lui, ainsi qu'il a vécu cette étrange nuit.
Gardez-le bien en mémoire, son histoire aura une importance pour le troisième et dernier texte sur cette ville...






Une nuit bien remplie...


Une, deux, troisième ruelle, cinquième marche glissante, on vire sur la gauche…

Vingt mètres, je cours, la statue en forme de lion, je bondis dessus, prends un appui sur l’encoche de la crinière, et j’agrippe le parapet du pont supérieur, troisième arche, je récupère mes chausse trappe de secours.

Mon foutu sac me lamine l’épaule gauche, c’était vraiment le bon soir pour que la courroie pète ! J’aurais jamais du l’acheter à ce connard arianith ; « incassable » mes couilles ! Si je le retrouve, je lui raconte ma blague perso, celle qui fait un sourire jusqu’aux oreilles, littéralement.

Colonne de gauche, c’est le coin du vieux Marly, je lui fais signe en courant à toute jambe, il lâche son rat ; les gars seront prévenus. Il faut que je les sème, je dois encore récupérer un colis chez les bourges avant de retourner au quartier.

Je récapitule : je suis bien passé chez les Tourbiers, j’ai récupéré le « message » à livrer au port ; je suis passé payer le Tribu au Vieillard au coin des Halles, et je l’ai prévenu pour la prochaine assemblée ; j’ai demandé la bénédiction en priant à l’autel des autres vies de la bande… et j’allais forcer la porte de l’entrepôt pour déposer le message quant ces abrutis de l’Epée m’ont grillés. Obligé de faire demi-tour pour les paumer dans le bas quartier, pas que ça à foutre, moi !

 Cinq ou dix minute que je galope, j’en peux plus, je …Baisse ! Par les loches d’Hermina, elle est pas passée loin celle-là ! Mille putes ! ils m’ont rattrapés ! Il fallait que ce soit une escouade Zan ! Ça ne pouvait pas être ces balourds en cuirasse ! naaaaaaan, mais bien des putains d’archers surentraîné à crapahuter dans les ruelles et sur les toits ! Mais qu’est ce que j’ai fait aux dieux bordel ! L’avantage, c’est qu’ils ont des bottes légères, hop, deuxième ruelle, ils ont pas le choix, peuvent pas faire le tour puisqu’elle descend en souterrain. Vlan, derrière l’angle, les chausse-trappes, ça va les calmer. Fumiers !

Derrière le deuxième soupirail, ça va patauger sévère dans la vase, mais avec les planche, je passe sans me mouiller, c’est l’avantage de faire 1m40 et de peser 35 kilos tout mouillé, ces grands connards en cuir vont s’enfoncer ! Tiens ? Des cris, en v’la un ou deux qui pourront passer chez Wu-Kauln pour se faire retirer les bouts de métal de deux pouce et demi qu’ils ont enfoncé dans le panard ! Dans vos gueule les pénibles ! Ça vous f’ra les pieds ! warf !

Fais chier, elle est où déjà cette entrée ? Ha ! La statue bizarre ! Deuxième à droite. Le soupirail ; me v’la dans les égouts, j’entends du grabuge derrière, les gars sont arrivés pour ralentir les gardes. Je prends encore un peu d’avance et je pourrais souffler.

Okayyyyy, on laisse le cœur ralentir, on s’étire mon ptit Dzarick, sinon, c’est crampe assurée, et ça, ça craint. Etirements, assouplissements, on se laisse refroidir avec douceur… de toute façon, ils vont surveiller l’entrepôt, je vais devoir déposer le message ailleurs (il est lourd ce con), et à cette heure ci, c’est encore trop dangereux. J’en profite pour rafistoler ma lanière de sac à dos (enculé de marchand de mes deux, que les profondeurs t’arrachent et te broient lentement).

Brumes noires moins deux, ça va se lever, je le sens à l’odeur qui refoule des allées, il doit se faire 11h30 ou minuit, ça va être une sale purée de pois, et ça, pour le boulot, c’est bien.

Par contre ce soir, Destra est presque absente, et Sestra est gibeuse, presque pleine, c’est un temps à cadavéreux, il va falloir se méfier.

Je prends les vieux couloirs c’était une rue avant d’être transformé en égouts, il reste encore des maisons abandonnées, refuges de mendiants… Je tourne à la « fontaine »  et prends l’ancienne rue des Brouettes. Je bénis le jour où je me suis payé cette pierre de lumière, c’était pas donné, mais crapahuter dans les égouts tourbeux avec une torche peut se révéler être du suicide par endroit. C’est depuis un coup comme ça que Vigo le Bacon a gagné son surnom.

Hop, bientôt l’escalier pour revenir à la surface.

Merde. Cette entrée n’existait pas la semaine dernière… voyons ça, débris de pierre, pioches abandonnées, ça blaire la charogne… Pas de doutes, ya une bande de cadavéreux qu’à fait creuser un tunnel par leurs zombis ; il faut décamper vite ! J’entends des rires et des bruits douteux, je ne veux même pas savoir ce qui se trame, il faudra que je prévienne le Vieillard.

Je prends le suivant ; bouché évidemment ! Je vais voir sans trop y croire le petit passage de la butte, mais je commence déjà à me résigner au détour de merde que je vais devoir faire.

Et vlan ! gagné, ça faisait pas un plis… Merde ! Obligé de bifurquer par le territoire des Shives. Putain, manquait plus que ça.

Ces connards là, c’est les pires, ils sont nombreux, brutaux, bien armés, et implantés à Malokaya, d’où ils se font parvenir de jolis jouets. Yen a même qui disent que là-bas ils traitent avec le Masque… faut être vraiment chtarbé.


Le détour est chiant, mais la chance est avec moi, une fois à la surface, je suis dans la foule. Ils sont pas encore couchés, normal une veille de fête des lumières, tout le monde installe ses bougies ; coup de bol. Les Shives ne me poseront pas de problèmes si je reste dans les grands axes.

Direction : la capitainerie. J’en aurais chié pour ce message de merde ; en plus vu le poids, je crois pas que ce soit du papier… Dans une boite fermée, ya de grande chance que ce soit un truc qui fasse tchao bye bye à ceux qui l’ouvrent… ou bien c’est une tête, ou un truc du genre.

Je dois bousculer une ou deux personnes pour prendre la ruelle que je veux ; un couple s’embrasse dans un coin sombre, ça sent la ribaude ou l’adultère ; vu que le gars est sapé comme un prince…

Après trois mètres je me rends compte de ma connerie, c’était ni l’un ni l’autre, le gars se nourrissait peinard. Je fais le signe en priant pour que le brusque afflux sanguin que provoque mon cœur qui bat à me sortir de la poitrine ne donne pas envie au type de se faire un ptit dessert. Il voit le signe, l’amulette, il me laisse passer et continue sa pitance.

Nuit de merde ! En plus je déteste les vampires ! Mauvais augure… ya un truc qui refoule sévère, trop de choses dans la même nuit. Je livre le colis sans fioritures et je me casse vite fait. Je me planquerais au bordel jusqu’au matin au pire, Nayana m’accueillera, elle est toujours sympa avec moi, et puis si elle est d’humeur, il y a même des chances que je passe une excellente nuit ; elle aime pas trop faire ça avec les gamins, mais moi des fois, j’ai le droit.

Capitainerie ; tout est serein. Ya quelques clampins qui cuvent ou qui chantent, rien de bien méchant, je reste planqué dans l’ombre d’une statue pendant une quinzaine de minute pour bien vérifier les lieux, des fois que ce serait une ruse. Je dois devenir parano. De toute façon, avec ce brouillard…


Bon, à la base ça devait être dans l’entrepôt de Caliaranar, ben ça va être dans son bureau. Ou au moins à la porte de son bureau. Je connais bien les lieux, j’y ai bossé deux ans. Deuxième étage, façade nord ; En grimpant sur le toit du temple de Kwunn, je pourrais relier la capitainerie au grappin, et de là ce sera un jeu d’enfant de forcer la fenêtre.

Bon, colis déposé ; j’en ai profité pour faucher quelques documents officiels, ça se recèle bien chez les faussaires, et il y avait quelques aiglons qui traînait, dans la poche ! Et j’offrirais la broche en cuivre avec les éclats de quartz à Nayana ; elle adore les bijoux ! En plus ya des jolies écritures dessus (j’ai quand même vérifié si c’était pas magique, je suis gentil, pas con…).



Je me campe un moment sur le mât d’un navire pour surveiller les alentours… tout semble calme. Bien. Je vois les lumières du bordel, je passerais demain matin rendre mes comptes.

Je me fous la frousse à un moment, quand je me rends compte que le vampire de tout à l’heure est en train de me mater depuis la terrasse de la taverne du port, mais il sourit et lève son verre dans ma direction… j’étais prêt à prendre la tangente quand j’ai vu qu’il faisait signe à un type en armure de cuir complète, qui vient s’assoir à sa table en riant.

N’empêche que j’aurais juré que c’est moi qu’il regardait ; ce qui est très con, parce que là où je suis planqué, on peut me voir que du ciel à cause de la brume, et de toute façon, je suis trop loin pour voir exactement où se porte son regard. Parano, que j’deviens, nuit de merde, c’est tout. Calme maintenant, les vieux seront fiers de toi.

Dans le doute, je vérifie que mes dagues sont bien place, je les enduis d’arsenic, pour être sûr. Mes dards sont là aussi. Tout va bien.

J’arrive (comme d’hab) par la fenêtre de chez Nayana, elle vient de finir le boulot et elle est dans son bain. Je vire mes chaussons de feutre, j’me pose tranquillement dans son plumard, en posant la broche sur son oreiller. Il meule sévère à cette époque de l’année, je prendrais bien un bain chaud moi aussi, mais faut pas pousser.


Je gamberge peinard en matant la lune à travers la fenêtre, bien au chaud dans les bras de la belle Nayana, tout contre sa poitrine (elle a bien aimé la broche) ; le brouillard est salement méchant ce soir, il y en a jusqu’à l’étage, devant la fenêtre, bien épais. Il bouge même pas, tellement ya pas de vent.

Le sommeil me prends subitement, les émotions de la nuit qui me rattrapent sans doute ; dans mon demi-sommeil, je commence déjà à rêver, j’ai l’impression que ya tellement de brume qu’il y en a jusque dans la piaule, je me resserre contre Nayana, j’entends un murmure, elle doit parler dans son sommeil ;

Bonne nuit petit Dzarick, je peux être fier, demain sera un autre jour…


« Bonne nuit petit Dzarick, tu me rendras fier, et demain sera une autre nuit… une longue nuit. »

L'être regarde le petit homme qui dort paisiblement dans les bras de la jolie prostituée. Un enfant éternel ? Pourquoi pas…

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