L'horizon avait disparu, remplacé par des nuances de gris. Le sifflement du vent , omniprésent, barrissant dans les moindres branches et jusque dans les plus petites interstices rocheuses, était parfois couvert par le fracas d'un mur d'eau se brisant sur un rocher, emplissant l'espace de gerbes d'écume.
Lorsque les éclairs zébraient le ciel, la mer prenait une teinte verte, parsemée ça et là de tâches sombres évoquant à l'esprit fantasmagorique d'improbables et gargantuesques monstre marins se débattant dans le courant; comme si des léviathans d'ordinaire invisibles ne se laissaient aller à apparaître sur notre monde que lorsque les éléments déchaînés leur permettaient de ne laisser que le doute de leur existence aux mortels.
Le souffle du vent était trop fort pour tenir droit, il fallait courber l'échine et lutter à chaque instant contre de nouvelles rafales; les arbres eux-même n'échappaient pas à l'exercice : dans un sens puis dans l'autre, leurs branches, parfois leurs troncs, se balançaient au gré des bourrasques. Revenant à leur place, se tordant de nouveau pour enfin se remettre dans le sens du vent, comme d'immenses marins luttant contre le roulis.
Marins d'ailleurs, qui à quelques distances de là, sur les flots impétueux tentaient de maintenir leur embarcation à une assiette acceptable pour éviter la noyade. Le timonier faisait grimper sur la houle immense son navire d'ordinaire massif, mais qui en ce moment semblait si fragile. Vers le haut puis le bas, évitant les bancs d'écumes, tentant de maîtriser sa trajectoire et sa vitesse. Le pont était battu par les flots, les bras de l'homme le faisaient souffrir tant il devait forcer le gouvernail à se plier à ses ordres parfois brusques. Jusqu'ici le bateau était à flot, et si les matelots, pelotonnés les uns contre les autres dans les étroites cabines priaient leurs dieux, ils remerciaient surtout l'homme qui bravait la tempête un mètre à peine au dessus d'eux pour tous les maintenir en vie.
Pas question de rentrer au port ou de chercher une crique, inutile d'essayer de passer la "barre", cet endroit où la houle devient déferlante. Non, il faudra tenir, tenir jusqu'à ce que les éléments se calment. Ne faire qu'un avec le navire afin qu'il ne se brise en deux. Ne plus tenir compte de la douleur dans ses muscles, transcender le corps pour le salut de l'âme; la sienne et celles de gens qui ont mit la leur entre ses mains calleuses.
Derrière lui, seul homme à rester si haut dans le navire, le seul soutient physique qu'avait ce héros jusqu'ici anonyme, son capitaine.
Sa main droite fermement serrée autour d'un arceau lui même fixé à la table des cartes, il ne voyait que le dos crispé de son homme masquant en partie l'apocalypse maritime qui se jouait derrière les vitres solides de la cabine. Il aurait souhaité, tellement souhaité pouvoir lui proposer de le remplacer, le soulager de ces efforts constants. Mais il savait être réaliste : il n'y avait meilleur timonier à bord que celui qui luttait en ce moment même contre la tempête. La survie de tous dépendait du dos courbé par l'effort et des bras ruisselant de sueur qu'il contemplait en silence.
"Capitaine ? Grogna le barreur après être parvenu à éviter au navire de s'enfoncer dans un mur d'eau.
-Oui Alek ? Répondit son supérieur.
-Pensez-vous que nous survivrons à celle-là ? L'homme parlait d'un ton aussi calme que possible malgré ses efforts et la situation.
Le capitaine prit quelques secondes pour répondre. Il n'en savait finalement rien, mais la question ne portait pas sur ce qu'il savait, mais sur ce qu'il estimait. Le quarantenaire, seul maître à bord, sonda son âme : il y voyait toujours ses projets d'avenir, et s'imaginait se reposer au calme dans un port; bercé par le chant des mouettes, des haubans et des drisses frappant les mâts. Il pensait vivre.
-Oui.
Laconique, la réponse était pourtant suffisante pour Alek. Son capitaine n'était pas un homme de grand discours et il sentait dans cette simple syllabe tout le respect et la confiance que l'homme derrière lui avait pour ses compétences. Avoir pour chef un tel homme poussait chacun à se dépasser.
Alek n'aura pas simplement à se dépasser dans les heures à venir : il aura à dépasser les éléments, vaincre la tourmente.
Il aura à survivre.
mardi 15 janvier 2013
lundi 7 janvier 2013
Alaric
Ce texte ne se rapporte à aucun jeu, c'est de l'écriture pour le plaisir d'écrire. j'avais dans l'idée de commencer un roman, ou au moins une bonne nouvelle, lorsque j'ai écris ces lignes. Cela doit faire des mois, peut-être même un an, que je n'y ai pas retouché; il me faudrait le retravailler, réécrire, et surtout, continuer. Ce n'est pas encore d'actualité, mais cela viendra un jour, certaines choses ont besoin de mûrir...
Chapitre I
Alaric.
Tel était son nom.
Son chemin n'avait pas de but, et qui se souciait de son point de départ ? Il n'était qu'un homme, disent certains. D'autres se réservaient pour plus tard le droit d'en juger.
On le voyait parfois traverser les bourgade, massif cavalier, couvert de métal de et de fourrure. Qu'il vente ou qu'il pleuve il avançait sans hâte. Ses haches cliquetaient au rythme du pas tranquille et lourd de son destrier.
On ne voyait guère son visage, caché par un casque de fer, une solide nasale en son milieu, et des cercles de métal autour des yeux ; ce couver-chef lui donnait un air sinistre; mais il lui avait mainte fois sauvé la vie.
Alaric ne se souciait guère de la méfiance et de la peur qu'il inspirait aux brave gens qu'il croisait. Il ne cherchait pas à se faire aimer du peuple. A vrai dire, plus il était en paix, mieux cela valait. Il s'arrêtait lorsqu'il arrivait dans un hameau plus grand que la moyenne, allait s'installer dans l'auberge qui lui semblait la plus accueillante, et s'asseyait à une table.
Il ôtait alors son casque, dévoilant un visage dur mais non dénué de beauté, de longs cheveux châtains qui manquaient de soins, et une barbe fournie taillée avec les moyens du bord, chataîn elle aussi avec des reflets auburn.
Ses yeux d'un vert très sombre se tournaient alors vers son hôte et il commandait à boire et à manger.
Il n'était pas de mauvaise compagnie. En vérité il pouvait même être un voisin de table agréable. Il avait vu du pays, connaissait l'histoire et la philosophie, il avait parcouru plusieurs royaume et en connaissait la langue et la courtoisie; il aurait pu être, en fait, un bon gentilhomme. Pour avoir passé maintes soirées en sa compagnie, je peux même vous dire qu'il était charmant, sa voix apaisante, et sa discussion passionnante.
Mais les gens n'allaient pas lui parler. Et lui n'allait pas vers eux. Pensez donc, qui était-il ? Un déserteur ? Un mercenaire ? Un tueur à gage ? Un chasseur de prime ? Il ne disait rien, alors les gens imaginaient. Ils se racontaient des histoires, tremblaient cachés derrière leur chopines et les épaules de leurs compères en se chuchotant ce qu'ils fabulaient. Vous connaissez la méfiance des braves gens de nos jours, face à un étranger ainsi harnaché pour la guerre. Les braves gens en ont assez des batailles, ils en ont assez de la mort et de ses messagers.
Alors il demeurait seul, regardant par la fenêtre le temps qui s'écoule en buvant et en mangeant. Parfois il ouvrait un livre, ce qui ne manquait pas d'intriguer encore plus les braves gens; et ils inventaient de nouvelles histoires. Sacrés braves gens… Mieux vêtu, il aurait pu être un bel homme, mais le pratique l'emportait sur l'esthétique. "Barbare" disaient certains. "Seigneur de guerre" disaient d'autres. "Etranger" surtout. Et là tous étaient d'accord.
Alaric était un étranger. Où qu'il aille.
Lorsqu'il me parlait de sa patrie, de sa jeunesse, je pouvais voir ses yeux briller. Ils étaient humides, il refoulait ses larmes. Voyez-vous, Alaric n'était pas un jeune homme, son pays n'existait plus depuis longtemps, et la plupart l'avaient oublié. Une partie avait été annexée par un royaume voisin, une autre prise dans les glaces lors du Grand Froid, une autre était devenue si aride et stérile que tous avaient fui. Un étranger, un étranger sans provenance, sans maison. Un apatride.
Il avait une famille, cela il me l'a confié. Il en a revu pendant sa vie, quelques-uns des membres, mais il n'est pas resté ; et eux ne restaient pas en place non plus. Où qu'ils aillent, ils étaient des étrangers, des étrangers silencieux qui pleuraient une lointaine gloire passée, la gloire des Alukars.
Il m'a amenée "chez lui " un jour, alors que nous voyagions. Un début d'après midi il s'est arrêté, est descendu de cheval. Nous étions entre une congère et un fjord. Au milieu, un formation rocheuse au formes arrondies. De la neige, de la glace, pas un once de végétation.
Il s'est arrêté et m'a dit ces mots :
[i]"Vois, Allie, vois. Ici repose le glorieux passé d'Alaric. C'est ici qu'est né l'étranger. Ici qu'il a apprit les armes, ici qu'il a aimé, ici qu'il est devenu père. Sous ces rochers que tu vois là-bas, il a juré fidélité à son épouse jusqu'à ce que la mort les sépare, ce qu'elle a fait six hivers plus tard, lors du Grand Froid. Là il y avait une source, une source sacrée à l'époque ou les dieux n'étaient pas le mal absolu. Une source qui assurait longévité à ceux qui la buvaient. Elle protégeait de l'âge, pas de la mort. Vois-tu j'ai vu des hommes plus jeunes que moi qui avaient besoin d'une cane pour marcher. Moi j'ai aujourd'hui soixante-quatre années, et je n'ai besoin de personne pour me vêtir de mon armure, monter à cheval, lever mes haches et courir la lande. Mon grand père a vécu cent-seize ans avant de tomber au combat. Alors oui, je suis de ceux qui croient que les Dieux ne sont pas le mal, oui, je suis de ceux qui croient en Leurs pouvoirs. Et je vais te dire une chose, Allie. Depuis que les hommes ont tourné leur dos aux Dieux, le vrai mal, celui qui ronge le cœur comme celui qui sort des ténèbres, n'en est que plus puissant.
Ici est ma terre. Ici était ma ville. Ici, prise dans la glace, repose mon histoire, et celle des Alukars. Pour l'éternité."[/i]
Puis il a fait un signe étrange avec ses mains, il est remonté sur son destrier et nous sommes repartis. Je n'ai rien osé dire, il avait dans la voix ce ton qu'il avait parfois, celui qui empêchait quiconque de parler; ou plutôt qui faisait ressentir l'immense vacuité que pourraient être les mots. Nous n'avons plus parlé de la journée.
Je me suis toujours demandé s'il avait du ressentiment contre quelqu'un, ou quelque chose, pour ce qui était arrivé à sa région… Lorsque le ciel s'est obscurci et que le froid a recouvert une partie du monde, c'est son monde à lui qui a été détruit, recouvert par le givre. Lorsque les dieux ont envoyé leur punition du ciel, c'est sa vie qui a basculé, les siens qui sont morts. Il aurait pu blâmer les prêtres fous, ceux qui avaient joués avec le pouvoir des dieux, il aurait pu blâmer les dieux, qui avaient manqué de détruire le monde, il aurait pu blâmer les hommes qui avaient prouvé leur égoïsme en ne s'aidant qu'eux-mêmes, il aurait pu blâmer le destin, le hasard, le mal, lui-même, que sais-je ? Mais non. Il n'a jamais blâmé personne, pas qu'il m'en ait dit en tout cas. "C’est arrivé, c'est tout." voilà la seule réponse qu'il me donnait. Fataliste, crue.
Tel était Alaric.
Les braves gens ne cessaient de se demander où il allait, ce qu'il faisait, quel but il poursuivait… C'est pour découvrir cela que je l'ai suivit, il y a bien longtemps.
Ces braves gens pensaient qu'il était chasseur de prime, ou mercenaire. Qu'il allait d'employeur en employeur pour qu'on lui dise qui aller intimider, qui aller rançonner, qui aller tuer.
La vérité est, bien entendu, tout autre.
Mais il n'a pas été aisé de le découvrir.
Laissez-moi vous raconter comment j'ai fait la connaissance d'Alaric, il y a onze ans de cela. Il avait alors un peu plus de cinquante ans, bien qu’il n’en paraisse que la trentaine avancée, et moi une vingtaine. Il n'était alors qu'un étranger sans nom.
Chapitre 2
Nous étions au début du printemps, l'hiver prenait encore son temps pour repartir d'où il venait. Du toit des chaumines commençaient vaguement à fondre les stalactites. Quelques perce-neige égayaient le paysage, mais tout était encore sous le coton moite de la neige, les bruits étouffés, les nuits froides et les jours d'une étonnante clarté.
Je sortais à peine de l'Académie, mes quelques facilités pour l'invocation m'avaient permis d'obtenir rapidement un premier contrat : en tant que représentante de l'académie et intendante, je faisais partie de la suite du chevalier Garon et de sa promise, qui étaient partis dès la fin de l'hiver de leur castel au sud des Marches pour regagner le nord, qui allait redevenir plus facilement vivable avec la bonne saison.
Je ne saurais même plus vous dire quel était le nom de la bourgade où nous faisions halte. A vrai dire je ne me souviens pas de grand chose de cette époque, tant j'ai vécu de choses depuis. Une tête de sanglier empaillé servait d'enseigne à l'auberge, il y avait des bouclier au mur et du foin au sol, voilà peut-être les seuls détails dont je me souvienne. Ce devait être la huitième auberge dans laquelle nous nous arrêtions depuis notre départ, j'avais cessé de trouver fascinant ces petits bourgs et ces hameaux.
Le chevalier Garon était un homme assez courtois, et plutôt bien fait. Son plus grand défaut était son manque d'éducation en matière d'humilité. Ayant toujours eu une vie facile, et n'ayant jamais à souffrir du manque de quoi que ce soit, il considérait que les nobles tels que lui n'avaient pas de compte à rendre au peuple.
Il n'était pas méchant, il traitait bien ses gens et le personnel, tout comme il restait courtois face à ceux qu'il pouvait croiser… Mais pour lui, il était supérieur à tout cela, par nature; il ne pouvait pas concevoir qu'un membre du peuple puisse lui être meilleur que lui en quoi que ce soit, aussi attendait-il du respect de ces derniers.
Mais dans l'auberge où nous avons fait halte, en fin d'après-midi, là avait fait halte Alaric.
Les pages m'avaient rapporté alors que nous nous installions qu'un cheval géant, noir et gris, était dans l'écurie. Ils n'avaient jamais vu telle bête, immense, musculeuse. Ils poussèrent la curiosité à examiner sa barde, à coté de la stalle: plaques et maille, renforts de cuir et fourrures, haches de bataille, bouclier de bois.
Intriguée, j'ai été tentée d'aller voir la bête par moi-même, mais nous étions en train de nous installer, et il aurait été d'un mauvais genre que l’intendante quitte la suite et ses bagages pour aller faire un tour à l'écurie.
Après quelques minutes à faire installer les affaires dans les chambres, je suis descendue dans la salle commune avec Telion, l'écuyer de Garon, pour faire préparer la table. Alors que nous donnions nos instructions à l'aubergiste, visiblement très tendu à l'idée d'accueillir de la noblesse, mon regard s'est porté vers l'une des fenêtres.
Accolée à cette dernière, une table. Attablé à cette dernière, un homme.
Alaric.
Il avait posé sur le dossier de sa chaise sa cape de fourrure, son casque de fer ouvragé était posé sur la table, et contre les pieds de cette dernière, tenaient deux haches de guerre et un bouclier de bois ferré. Il nous tournait le dos, je ne voyais que ses longs cheveux qui lui tombaient sur les épaules. Très large, massif, il devait également être grand. Il portait une armure de voyage, cuir bouilli épais et maille. Devant lui fumait un potage. Il semblait absorbé par ce qui se passait dehors, soit absolument rien pour autant que je pouvais en juger de là où je me tenais.
Faisant l'analogie rapidement, j'en déduis que c'était là le propriétaire du grand cheval de l'écurie. Et instinctivement, je fus partagée entre la peur et l'attirance. Peur d'un homme pour qui tuer devait être plus ou moins le métier, et attirée par cet homme qui était absorbé par la contemplation d'un paysage recouvert de neige, préférant perdre ses yeux dans le lointain que dans le décolleté généreux de la serveuse qui récurait énergiquement une table non loin de la sienne –ce qu'avait fait l'écuyer de Garon avec un intérêt visible, fasciné qu'il était par cette poitrine en mouvement-. Il émanait de cet homme une certaine forme de noblesse, malgré qu’il soit attifé comme un mercenaire du nord
J'ai du m'arracher à la contemplation de cet être étrange pour régler les derniers détails avec l'aubergiste, après quoi il me fallu remonter à l'étage pour me préparer pour le repas.
Lorsque nous sommes redescendus après nos ablutions, Il était toujours là. Son potage avait disparu, remplacé par une chandelle allumée, un livre, et une chope. Il lisait, une main retenant son front, l’air aussi calme et détendu que s’il était dans un jardin à profiter du soleil.
Quelques autres clients était là aussi, qui se tenaient tous à distance respectable de l'étranger, et de la grande table que l'aubergiste avait dressé près de la cheminée où rôtissait un cochon de lait.
Lorsque le chevalier et sa promise, Melia, descendirent en tête de leur suite, tout les client se levèrent et firent une profonde, bien que maladroite, révérence.
Bien entendu, l'homme de la fenêtre, qui tournait toujours le dos à l'assemblée, n'esquissa pas un mouvement, toujours absorbé par son livre.
J’ai compris plus tard qu’il était parfaitement conscient de la scène.
Garon s'en rendit évidemment compte et en pris ombrage, il resta debout, les yeux fixés sur le dos d'Alaric, pendant un certain temps, attendant qu'il se lève.
Sentant que la tension montait, Melia désamorça la situation en s'asseyant en première. Elle n'était pas la plus fine des femmes, mais son esprit d'à propos était aiguisé, et pour être d'un extraction assez basse, elle ne savait que trop comment pouvait dégénérer ce genre de situation dans une petite auberge de campagne. Son propre frère en avait fait les frais, laissant un œil dans une bagarre de taverne. Bien sûr la cicatrice devînt par la suite une glorieuse blessure de combat lors d'un duel pour l'honneur d'une dame, l'histoire appartient aux vainqueurs. Le mauvais coup de bouteille était devenu une estocade à l'épée, la fermière une dame, une main aux fesses son honneur, et le soûlard un valeureux adversaire. Souvenez-vous toujours que l'histoire racontée n'est pas forcément l'histoire telle qu'elle fut.
Quoiqu'il en soit, c'est avec un regard noir sur l'étranger et un silence de plomb que le chevalier entama son repas.
Melia et la suite, moi-même incluse, avons ensuite fait de notre mieux pour faire oublier l'incident, multipliant les sujets de conversation à mesure qu'on nous amenait plats et boissons.
L'aubergiste avait demandé à ses fils de jouer un peu de musique pour égayer la soirée.
Vers le dessert, et sous les demandes incessantes de l'assemblée, j'ai même invoqué quelques esprits follets pour qu'ils dansent sur la table. Des petites fées et de petits lutins, hauts comme des pommes, commencèrent donc une joyeuse sarabande entre les plats; ce qui ne manqua pas de fasciner toute la salle –à part bien sûr Alaric, toujours plongé dans son livre, je ne savais pourquoi à l’époque, mais je me suis sentie vexée- qui applaudirent entre deux cris de surprises, des "hoo" des "haa" et des "bravo dame magicienne".
Magicienne… J'aurais fait la même chose sans être dans la suite d'un chevalier, c'est sorcière qu'ils m'auraient appelée. Ils m'auraient accusé de je ne sais quel malheur, mauvaise récolte, vache maigre ou ongle incarné, avant de me chasser à coup de pierre ou de me brûler. Mais là, j'étais une "dame magicienne".
Cela avait marché, Garon, au fur et à mesure du repas, s'était détendu, et semblait avoir oublié l'incident.
Mais ce n'était qu'apparence. Garon n'avait en rien oublié l'affront.
Après le dessert, chacun se détendit comme il le souhaitait, certains jouaient aux cartes, d'autres continuaient à discuter, ou à faire un peu de musique.
Lorsque l'aubergiste vînt proposer ses liqueurs pour digestifs, le chevalier lui demanda, parlant suffisamment fort pour que toute la salle puisse l'entendre :
« Dites moi, mon brave, qui est donc ce manant près de la fenêtre, qui doit être simple d'esprit ou criminel pour ne point montrer respect à un membre de la noblesse ? »
L'aubergiste se tordit les mains, incapable de répondre. Il se sentait responsable de l'affaire, mais ne savait absolument pas comment gérer le problème
« Et bien Monseigneur, je.. Je ne… Je-je ne sais pas exactement, il est arrivé quelques heures avant vous. Un client de passage, un étranger. »
Garon haussa les sourcils avant de rire
« Et bien ma foi, ton auberge est bien mal fréquentée, aubergiste. »
Au bord de la crise de nerf, le pauvre homme bredouilla quelques excuses, cherchant une justification, alors que Melia allait porter secours au pauvre homme, c'est la voix d'Alaric qui emplit la salle, calme et puissante.
« -Laisse donc ce pauvre homme tranquille, "chevalier". » l'intonation qu'il avait usée était teintée de mépris ; tout autre bruit cessa aussitôt, seul le crépitement du feu accompagnait le battement de nos cœurs. Le visage de Garon affichait un mélange de stupeur et de colère, ses yeux écarquillés était rivés dans le vide, il les tourna lentement vers la table près de la fenêtre. La provocation était cuisante, évidente. Mais loin d’être terminée. L’étranger poursuivit, sans lever les yeux de son livre :
« Est-ce là donc le seul moyen que tu as de te sentir supérieur que de brusquer sans tact les braves gens qui ne peuvent te répondre à cause du symbole que tu porte sur ton tabard ? Est-ce donc là la noblesse d'épée ? Si ton grand père était un homme de courage, un véritable chevalier, et un grand ami, tu n'est qu'un morveux à qui on a confié une épée qui a plus de valeur que sa propre existence."
Le silence qui emplit la salle était tellement chargé de tension que j'eus la chair de poule. Melia était tétanisée, connaissait trop bien les accès de colère que pouvais avoir son futur époux lorsque l'on attaquait son honneur. D'autant plus que ce que disait Alaric était la vérité : si son grand père s'était distingué par son expertise de la bataille, Garon lui n'avait jamais participé à de véritables combat.
Le chevalier avait les traits déformés par la colère, ses hommes d'armes se relevèrent, la main sur la garde de leurs épées, sentant qu'ils auraient bientôt à s'en servir. Le chevalier lui même se redressa violemment, renversant sa chaise dans le mouvement, il pointait un bras accusateur sur Alaric, serrant les dents avec force.
« Qu'as tu dis, misérable porc ? Tu souhaites donc mourir ? » La voix de Garon était éraillée, déformée par la rage.
Alaric soupira, et se leva lentement de sa chaise avant de se retourner. Ses yeux d'un vert sombre, et son visage dur ne trahissait aucune autre émotion que le calme emprunt d'une pointe de lassitude. Il mesurait plus de deux mètres, large comme un bœuf, ses mains était grandes comme des battoirs.
Il regarda le chevalier d’un œil critique, si les mains du noble tremblaient d’énervement, la montagne Alaric était un îlot de calme dans l’effroyable tension de l’auberge. Sa voix résonna de nouveau, son ton était implacable, sans hésitation. Une de ses main était posée sur la table, de l’autre il tenait son ceinturon.
« Mourir ? Non, ce n'est pas prévu. Qui me tuerais ? Toi ? Tu te blesserais avec ta propre lame… Quand à tes hommes, ils ne parviendraient pas à me toucher. Ils savent se battre, pour l’avoir déjà fait contrairement à toi, mais pas assez pour me vaincre. Et cette histoire ne les concerne pas, ils ne devraient même pas avoir à te protéger, ta vie ne vaux rien, pour personne. »
Il marqua une courte pause, regardant le chevalier comme un maître regarde l’écolier, pour vérifier s’il connaissait l’évidence qu’il venait de prononcer, ou s’il allait falloir lui expliquer. Il prit le parti de l’explication.
« Un tas de fange de plus, un épouvantail de plus. Tu es mort depuis longtemps et tu ne le sais même pas. Tu aurais pu devenir quelqu'un, comme ton grand père… Mais ton père a sombré, t'emportant dans sa chute. Demoiselle Melia, je ne saurais que vous conseiller de ne pas convoler avec cette engeance, il achèverait votre lignée, dont je regrette la déchéance actuelle, ourdie par quelques sombres pantins comme votre fiancé.
- Il suffit ! Hurla Garon, tellement hors de lui que les veines autour de ses tempes étaient gonflées. Qui es-tu ? Décline ton nom avant de mourir !
- Mon nom est Alaric. Et je te cherchais, vaurien, pour te renvoyer pleurer dans le giron putride qui t'a vu naître.
Garon dégaina son épée, les runes magiques qui étaient gravées à sa surface se mirent à luire, comme le front du chevalier qui était en sueur tant il était en colère.
- Et bien tu m'a trouvé ! Gardes ! Saisissez cet homme ! »
Les trois hommes d'armes craignaient visiblement que cet ordre finisse par fuser. Ils n'avaient aucune envie de s'attaquer au colosse. Moi j'étais figée sur place, j'ai eu le malheur de croiser le regard d'Alaric alors qu'il parlait, et il me l'avait rendu. Je ne pouvais plus bouger, paralysée par un mélange de peur et de fascination. Les gardes hésitèrent, se regardant les uns les autres, cherchant le courage dans le nombre.
Alaric repris la parole, toujours du même ton calme et égal :
« Tellement prévisible, incapable de te servir de ton épée pour t'occuper d'un homme désarmé, tu en appelles à tes gardes. Moi qui pensais que les chevaliers étaient un peu plus braves que des jeunes filles, j’imagine que cette époque est d’ores et déjà révolue. »
La pique assassine fit parfaitement mouche.
Dans un cri de rage, Garon fondit sur Alaric, son épée tenue à deux mains au dessus de la tête. Le colosse attendit sans esquisser un mouvement que le chevalier couvre les quelques mètres qui les séparaient, puis il fit un simple pas vers lui, rentrant dans la garde de Garon avant que celui-ci n'abatte sa lame. De sa seule main gauche, le colosse saisit les deux poignets de son adversaire, qui cria lorsque ses articulations craquèrent, et lâchant la précieuse épée au sol. De la main droite, Alaric enserra la gorge du jeune homme et le souleva de terre aussi simplement que si c'était un fétu de paille. Garon étouffait, hoquetait, alors que ses pieds battaient dans le vide. Alaric avait lâché ses bras, et le soulevait du sol à une seule main. Il lui parla d'un ton assurée, sans hâte, presque sans émotion. Le visage de l’étranger était toujours ce masque de calme et de lassitude, ses yeux d’un vert profond ne montrait aucune pitié, aucune compassion, mais une détermination mesurée.
« Ton enveloppe va mourir ici, ce soir. Je regrette que tu ne saches rien de ta nature, tu ne comprends pas pourquoi tu dois disparaître. Aussi vais-je t'éclairer. Elinor, ta mère, est une créature maléfique, que l'on nomme, entre autre, Charmeuse. Elle use de ses facultés de métamorphoses et de pouvoirs magiques pour embrumer l'esprit. Elle a supprimé la véritable Elinor il y a des années, pendant que le mariage était arrangé, et a pris sa place. C'est donc une telle créature qu'a fécondé ton père lors de leurs premières nuits. Elle a ensuite usé de divers charmes, poisons, rituels, pour pervertir ton géniteur. Sais-tu que tu as eu deux sœurs ? Elle les a cachées, avec la complicité de ton père, pour en faire des Charmeuses. Je n'en ai abattu qu'une pour le moment, mais je trouverais l'autre et lui ferais subir le même sort, puis ce sera au tour de ta mère et enfin de ton père. Je commence par toi, puisque tu étais le plus simple à atteindre. Tu ne sais rien de ta nature, mais tu es corrompu. Petit à petit, cette nature maléfique prend le pas sur toi. Tes colères deviennent de plus en plus violente, ton orgueil de plus en plus démesuré. Elle attend que tu sois prêt avant de t'instruire la sorcellerie, pour enfin diriger toute ta lignée à venir. La jeune Melia aurait du être remplacée la semaine dernière, par une de tes sœurs. C'est cette dernière que j'ai abattue. Sa tête est sur une pique non loin du village de Karis-bourg, où vous avez fait halte il y a cinq jours. Oui, tu as saisi, tu aurais épousé ta propre sœur. Ton fils aurait fait la même chose, ou marié sa tante, jusqu'au bout de votre lignée maudite. C'est donc ici que ton chemin s'achève. Adieu, Garon. Je devais bien cela à ton grand père. »
Et dans un bruit atroce qui manqua de me faire rendre mon dîner, Alaric rompit le cou du chevalier, sa tête prit un angle anormal, ses jambes s'agitèrent une dernière fois de quelques soubresauts avant de chuter sur le sol lorsque le colosse le lâcha enfin.
Ainsi prit fin la vie du Chevalier Garon, mon premier employeur.
Je suis persuadée que s’il n’y avait pas eu d’assemblé, que s’ils avaient été seuls, Alaric n’aurait rien expliqué à Garon, il l’aura abattu sans autre forme de procès. Son discours ne servait qu’à faire comprendre à l’assemblée pourquoi il tuait ainsi le chevalier.
J’ai suffisamment côtoyé Alaric pour savoir que quand il considère qu’il doit tuer quelqu’un, lui expliquer le pourquoi du comment n’adoucit en rien le fait de mourir. Au contraire, il tue vite, ne laisse pas le temps de réfléchir ou d’avoir peur. Je crois que c’est comme ça qu’il a toujours souhaité mourir. Et c’est comme ça qu’il est mort. Par surprise, sans le savoir avant les dernières secondes.
Il est mort comme il a vécu, en solitaire.
La salle entière était mortifiée, personne n’osait bouger. Alaric s’est penché sur la dépouille, fit quelques gestes des mains en psalmodiant. Il parlait en Alurak, une langue que je ne connaissais pas à l’époque. Mais pour l’avoir maintes fois entendu réciter cette prière sur le corps de ces défunts adversaires, elle signifiait ceci :
« Tu étais ténèbres et retourne à l'abîme, ce monde n'est ni pour toi ni pour les tiens, il appartient aux mortels, aux dieux, et au peuple oublié. Ne hante plus cette terre, que la noirceur de ton âme s'échappe dès maintenant de ce corps, et qu'il retourne à la poussière. Si tu reviens, tu me trouveras, et je te traquerais, toi, les tiens, et toute ton engeance. Prends garde, car je ne suis que le premier, prends garde, car la horde est derrière moi, prends garde, car votre temps est révolu. »
Au terme de ces paroles, le corps de Garon fut pris de soubresaut, les gens de la salle reculèrent tous d’un pas avec un cri de stupeur. C’était comme si le chevalier était vivant et pris d’une crise de spasmes, avec le désagréable détail de son cou tordu en plus. Ses veines grossirent et devinrent noires, des volutes d’un mauve sombre s’élevèrent du cadavre, avant de se dissiper dans le néant. Le corps demeura alors immobile, crispé, les doigts recroquevillés comme des serres, les yeux exorbités, les dents découvertes.
Le colosse se redressa alors, ramassant l’épée qui était encore au sol. Dans le silence complet de la salle, il s’approcha de Melia, et posa la lame devant elle, sur la table, avec beaucoup de soins.
« J’aimerais que vous l’ayez, à présent. Évitez la famille Garon d’ici à ce que j’en ai terminé avec elle. Bon courage, demoiselle.»
Et sans un mot de plus, il ramassa ses affaires près de la table, laissa deux pièces d’argent sur le comptoir, et s’en alla dans la nuit.
Voilà ma première rencontre avec Alaric, et il m’a fallu quelques minutes après son départ pour parvenir à réfléchir clairement.
Galik, Retour au pays
Et voici la clôture, le plus long -et sans doute mon préféré- sur Galik.
J'espère que ces trois billets vous auront un tant soit peu fait voyager dans cette ville étrange...
Je vous conseille de lire les deux autres billets sur Galik avant ce dernier, ou au minimum "Une nuit bien remplie".
Je vous conseille de lire les deux autres billets sur Galik avant ce dernier, ou au minimum "Une nuit bien remplie".
Retour au pays
La voile claque au dessus de sa tête, il hume les embruns. Il sent déjà l’odeur de la brume, de la tourbe, des marais.
Le navire craque sous ses pieds, ce fidèle ami qui l’a porté lui et ses frères de route pendant presque quatre ans. Il caresse fièrement le bastingage, bascule sa tête en arrière et ferme les yeux. Le froid soleil de Fria passe derrière la grand voile ; la lumière devient chaude, chamarrée, apaisante. Il remonte le col de son manteau, la fin du mois de Sue-Lan, ils reviennent à temps. Naviguer en hiver est un calvaire.
Les mouettes, il les entend. Elles sont autour du navire maintenant, comme pour leur souhaiter la bienvenue. Quatre ans ! Quatre ans sans revoir sa ville natale, Galik ! Quatre ans sans arpenter ses ruelles, sans s’assoir aux terrasses de tavernes, sur les places bondées du marché. Quatre ans à ne pas sentir l’odeur de la brume.
Quatre ans sans revoir sa femme et son fils.
Il était partit, comme beaucoup d’autres, chercher la fortune loin du pays. Comme beaucoup d’autres, il s’est rendu compte au bout d’un temps que la seule fortune qui importait réellement à ses yeux était son « chez lui », les rues familières, les statues qu’il connaissait par cœur, les gens débrouillards, la camaraderie, la solidarité, la vie dure des marais, même l’odeur âcre de la crème qu’on se met pour éloigner les insectes…
Il voit déjà la côte, d’un vert sombre parsemé de noir. Quelques navires de pêche viennent les saluer. Lui qui a voyagé de par l’empire, il revoit avec plaisir ces visages burinés, ces peaux sombre et ces rides profondes. L’accent du coin lui avait manqué aussi, cette manière de rouler les « r » avec le fond de la gorge, ces voyelles qu’on laisse sonner plus longtemps…
Il est de retour chez lui. Chargé de cadeaux pour sa famille est ses amis, riche d’expériences et d’aiglons, il est devenu second lorsque Ramez s’est fait empaler par un trident shahuagin, et même s’il prenait sa retraite maintenant (ce qui serait stupide à 30 ans à peine ), il pourrait vivoter grâce à sa pension, aussi bien celle de son grade que celle de ses récompenses honorifique que parce qu’il a perdu une jambe, deux doigts et un œil durant tous ses voyages…
Le port se dessine déjà, il voit les forêts de mâts, ces navires de toute les provenances qui le faisaient rêver quand il était môme. Il se souvient de ses promenades à la nuit tombante avec son paternel, le long des quais, quand les lampions colorés éclairaient les caisses de marchandise et les pontons de bois noir ; Son père connaissait tout le monde, il était docker, l’un des plus vieux du port, alors on prenait son « ch'tio » sur les genoux, on le jetait en l’air avec de grand rires, les mains calleuses des hommes de la mer et du port frottant sa tignasse.
Quand son paternel est mort, il n’avait que 17 ans, il venait de se marier, et il se souviendra toujours de la veillée funèbre, ou presque tout le port est passé dans la petite maison de pierre gardée par une gargouille en forme de lion pour chanter les louanges du paternel ; pour que le Grand Décideur l’accueille dignement. Il se souvient que les prêtres n’avaient pas eu à se faire prier bien longtemps pour que le paternel ne soit pas enterré, mais qu’un Rite des Eaux soit effectué ; même s’il n’avait pas disparu en mer ; Ils ont même fait semblant de rien voir quand les gars du port son allés sur l’eau, à l’endroit de l’immersion, que les Onan les ont rejoint et qu’il y ont fait brûler un navire, en chantant les litanies interdites, les vieux rites galiciens, sur le son des harpes et des tambours, les cors résonnaient dans tout les marais ; la ville était en deuil, même ceux qui ne le connaissaient pas avaient entendu parler du paternel, de Dzarick le quinzième, héros de la bataille des fosses, où il s’était battu au coté des Onan pour repousser les démons à l’ouest.
Il y avait perdu une jambe et la moitié du visage ; son oreille interne était complètement flinguée, il ne pouvait plus naviguer. Ça a été un choc. Pour tout le monde. Mais il s’est redressé, fier comme un coq noir, et il est resté au port. Condamné à être terrien, il avait le cœur lourd quand il voyait les mâts faire tomber les voiles pour partir en mer.
C’est pour lui que Dzarick (le seizième) est devenu marin, le vieux avait les larmes aux yeux quand son fiston a pris la mer la première fois, et ils étaient nombreux à assister au départ.
Perdu dans ses souvenir, il ne s’était même pas rendu compte qu’il étaient maintenant dans la baie, le capitaine Brezara le regarde d’un œil amusé en tirant de longue bouffées sur sa pipe de cèdre ; il attends que son second prenne en main les manœuvres d’accostage.
Pendant les manœuvres, il contemple sa ville ; il a vu Arianaka, Rindirath, Malokaya; il a fait partie de l’expédition de sauvetage de l’archipel des Maures, il a vu des îles qui n’étaient pas sur les cartes, a affronté d’étranges créatures, des tempêtes, des créatures venues des fonds obscurs de l’océan ; il a vu cent mille merveilles, toutes plus impressionnantes et inénarrable que les autres, il a vu les cavalier d’Arkos et des îles qui n’étaient que des carapaces de tortue géantes, les légendaires Zaratan… Mais de revoir sa ville, là était ce qui lui serrait le plus le cœur, revoir sa famille, ses vieux amis, aller boire une bière de blé noir à la taverne de Ranir, parcourir le vieux quartier en essayant de comprendre les changements, de retrouver les vieilles statues de sa jeunesse… ça vaut toutes les merveilles de ses voyages.
Lorsqu’il prend pied sur le port, une fois les ordres donné pour décharger les marchandises, son capitaine lui donne quartier libre, il dit qu’il se chargera de tout le reste ; il sait que Dzarick veut revoir sa famille ; Le capitaine Brezara, un maurille vigoureux au caractère de cochon et au cœur d’or, une légende.
Le navire avait prévenu de son arrivé par oiseau ; Il espérait voire sa femme et son fils sur le quai, mais le damné piaf a du se paumer en route. Pas de comité d’accueil. Il comprends les paroles de Brezara quand un soir de tempête au large de la côte ouest de Jowkwi, , ils avaient longuement discuté dans sa cabine…
« Je te comprends fiston, avoir une famille, c’est sans doute fabuleux, savoir que quelqu’un t’attend dans une petite maison douillette. Si ça te conviens, tu seras un homme heureux. Mais quand on est maurille, on oublie tout ça ; c’est la mer qui sera ta seule famille, et ton navire ta seule femme. J’ai vu trop d’hommes et de femmes s’effondrer une fois à quai en apprenant les nouvelles de ceux qu’ils avaient laissés ; morts, partis, remariés, complètement changés… ça occupe l’esprit et ça donne l’espoir les soirs de solitude ; mais le remède est parfois pire que le mal. Tu vis des choses quand tu es en mer, qu’un terrien peut pas comprendre, et sur terre, les problèmes et la vie ne sont pas les même, et ça non plus tu peux pas comprendre. C’est vivre deux vie, et ça, c’est pas le cycle, tu dois vivre pleinement chaque instant de ton incarnation, c’est les préceptes du vieux Wu-Kauln, si tu veux une autre vie, attends la suivante tout simplement, mais cherches pas à tout contrôler.
Mais je deviens vieux et chieur quand j’ai bu un coup. Oublies ça, va, te mine pas. Vis comme tu l’entends et sois heureux, c’est tout, on va peut-être tous aller rendre visite à Sue-Lan en disant bonjour à Kwunn au passage cette nuit, ou peut-être pas. Chéris donc ta femme, ton môme même s’ils sont loin, ils pensent sûrement à toi. On a tous besoin d’un phare fiston, et tous ne sont pas de briques et de flammes. »
« Oublies ça » Dzarick avait opiné de la tête en souriant, mais il ne l’avait jamais oublié ; et en ce jour de liesse, il se souvenait toujours de cette soirée ; de ces paroles. Il prit machinalement le chemin de la taverne, il était encore tôt et il avait besoin de prendre le contact du sol, de ressentir l’ambiance de sa ville. Il n’osait pas se l’avouer, mais il avait peur de rentrer chez lui, il a peur de ne pas se sentir chez lui, et il a peur de la réaction des siens face à ses mutilations. Lui qui avait rêvé de rentrer de manière triomphale dans sa maison, de poser son chapeau sur la gargouille et de rentrer en criant « devinez qui est là ! » en déballant ses cadeaux, ses soieries, ses bijoux, jouets, livres, objets magiques divers ; il aurait pu raconter ses aventures pendant des heures sous l’œil amoureux de sa femme et les yeux pleins d’étoile de son fils… Son fils. Il avait neuf ans quand il est partit. Il doit en avoir presque quatorze aujourd’hui. Il ne sait pas s’il va le reconnaître. Il a envoyé des lettres pendant ses voyages. Il ne sait pas lesquelles sont arrivées, si une seule est arrivée… il n’attendait pas de réponse, il n’avait pas vraiment d’adresse fixe.
Il se rappelait toujours les paroles de Brezara…
Dzarick traversait le port en regardant tout autour de lui. Galik. Toujours la même ; les gens emmitouflés dans leur manteaux, les Onans recouverts de fourrures, se déplaçant plus lentement qu’à l’ordinaire. Les vieux bâtiments de pierre noire et blanche, imposants et splendides, aux gargouilles gothiques, se moquant des passants. La neige sur le toit des maisons et les gens qui balaient devant leur porte.
Il croise des gens qu’il connait, mais eux ne le reconnaissent pas, avec son œil couleur améthyste qu’il s’est payé à Malokaya, sa jambe artificielle articulée, elle aussi enchantée, ses riches vêtement de second et sa démarche conquérante… il ne les salue pas, il se contente de sourire, parfois il hoche la tête lorsque quelqu’un le regarde l’air intrigués ; ils doivent se dire « mais où l’ais-je déjà vu ? » ; Dzarick rit sous cape (en fourrure de renard des neiges), il est d’un naturel modeste, mais face à une telle situation, quel homme ne se laisserait pas aller à un peu de forfanterie ?
Après avoir arpenté la place des victoires où un bal se prépare, il arrive enfin à la taverne de Ranir ; cet établissement où lui et ses vieux amis avaient passé tant d’heures ensemble ; à rire jusqu’après la fermeture, à raconter des légendes et parler de filles.
C’est en brassant tout ces souvenirs que Dzarick passe enfin la porte de la taverne.
Rien n’a changé ; le vieux chêne au milieu de la terrasse surélevée, les tables pierre brutes et les vieux bancs de bois, où des noms y sont gravés au couteau depuis des générations.
Il n’y a personne en terrasse. Normal par une telle température, ils sont tous à l’intérieur, près de la cheminée ou du poêle.
L’ambiance est ici la même, sous les voûtes de pierre, les divers braseros réchauffent la pièce en rendant une lumière vacillante, les rires et la fumée emplissent la salle, soutenue par des piliers massifs sur lesquels de vieux chandeliers en fer forgés portent des chandelles agonisantes.
Tout y est, les vieux tonneaux, les fleurs séchées pendues au plafond, les victuailles derrière le bar, les habitués, qui ont tous plus ou moins pris un coup de vieux. Il y a des nouveaux bien sûr, mais ils font couleur ambiante. Près de l’immense cheminée où deux porcs des marais sont en train de rôtir, on a déposé les manteaux et les bottes afin de les faire sécher.
Il y a bien une quarantaine de clients, qui prennent leur repas sur les tables bancales de la taverne.
Ranir est derrière le comptoir, toujours le même, à part une ou deux rides de ci de-là et quelques mèches blanches. Il met un tonneau en perse, de la Galiçoise, la bonne bière des marais ; quelques Onan discutent près de la cheminée, l’un d’entre eux a un marmot sur les genoux, un marmot humain, on a jamais vu de chtio Onan. Le gamin doit avoir quatre ou cinq ans, et il s’amuse à enlever les écailles de l’homme-lézards, celle de son ancienne peau, qu’il est en train de changer pour mieux supporter l’hiver. C’est toujours touchant de voir la patience qu’ils ont, surtout avec les mômes. N’importe quelque Arianith qui se pointerait dans le coin serait surpris, voire horrifié, un Onan de cette taille peut broyer un crâne humain avec trois doigts, et ces griffes sont suffisamment tranchantes et solides pour déchirer une armure d’acier bleu. Mais ici, personne n’a peur. Les Onans vivent avec nous depuis tellement longtemps qu’ils sont des Galiciens comme les autres, et on sait tous à quel point ils sont indispensable, surtout ici, dans les marais d’Enfosse...
Les yeux de Dzarick parcourent la salle, il les connait presque tous, quand ses yeux croisent ceux de Ranir, il se rend compte que se dernier le regarde depuis quelques moments déjà, il sent que ce dernier cherche à le reconnaitre ; Dzarick sourit alors, et le visage du vieux tavernier s’illumine quelques secondes, mais reprends presque immédiatement un air grave, il n’a pas le temps de dire quoi que ce soit, un greffier vient lui parler, sans doutes pour régler l’administratif du mois.
Dzarick ne relève pas vraiment l’air contrit du vieux tavernier, il pense que c’est en rapport avec ses cicatrices, ses doigts qui manquent et sa jambe.
Il se dirige mécaniquement vers le fond de la salle, à coté du poêle en fonte, et y retrouve une table, une tablée qu’il connaît très bien.
Ils sont tous là. Ravaro, le joli cœur, qui porte maintenant une alliance et qui doit avoir reprit la boutique de vêtements de son père, il porte le signe de Kwa-Lunn, il s’est engagé dans les ordres, comme sa mère… La déesse des artisans, un bon choix dans le coin.
Il y a Amerion, le fort en gueule, qui porte l’uniforme de l’épée rouge, il s’est donc finalement engagé… Il a une belle cuirasse, qui arbore une G sur la poitrine, avec une tête d’éléphant. A-t-il déjà vu un éléphant ? Dzarick en a vu, lui….
Vargien est là aussi, le métis, moitié Oblivien, moitié Galicien, un vrai renard, toujours dans les coups tordus ; il porte une armure de cuir cloutée, deux cimeterre et s’est fait tatouer la gueule. Un ange noir, aux ailes de métal, l’ange de métal, la bande de voleur qui squatte le cimetière. Pas surprenant se dit-il.
Et enfin Varsha, l’amazone, une tigresse du désert d’Irposion, qu’est arrivée à Galik quand elle avait neuf ans. Une marchande, une guerrière.
Il s’assoit à leur table, sur sa chaise, qui est vide (ça lui fait chaud au cœur), ils le regardent d’un air surpris, prêts à lui gueuler dessus, mais c’est Vargien qui le reconnais en premie.
« Dzarick ! Par les dieux ! J’en reviens pas ! T’es de retour ! Ha ha ! wouhouu ! Ça fait un sacré bail ! »
Les visages s’illuminent tout autour de la table, l’euphorie est là ! Ils se jettent dans les bras les uns les autres, et parlent ensemble à toute vitesse… Ils regardent ses cicatrices, mi-gênés, mi-curieux. Ils contemplent ses vêtements, ses bijoux, sa carrure (des années en mer, ça forge un corps)… ils le harcèlent de question « t’es revenu depuis quand ? » « T’es allé ou ? » « T’as vu des sahuagins ? » « T’as affronté des pirates ? » « Comment t’as perdu ton œil ? »… Dzarick ne parvient pas à répondre à tout à la fois, il a les larmes aux yeux et les mots se bousculent dans sa bouche. Après quelques minutes où la conversation file tellement vite qu’il est difficile de la suivre, les bouches se taisent, et les vieux amis se contemplent avec un sourire béat.
Dzarick finit enfin par prendre la parole :
« J’avais besoin de repasser par ici avant de rentrer à la maison, histoire de se remettre les idées en place avant d’aller embrasser Julie et Dzarick… ça me fait tellement plaisir de vous revoir, qu’est-ce que vous devenez ? »
A ces mots, ses vieux amis se figent, comme terrifiés. L’affliction se lit sur leur visage. Ravaro regarde son verre, Amerion ses chaussures, Vargien essaye visiblement de préparer quelque chose à dire. C’est Varsha qui prends la parole, elle na pas quitté les yeux de Dzarick et a l’air si triste que l’on croirait qu’elle va pleurer.
« Dzarick, il faut qu’on te dise, je… Je ne sais pas trop comment te dire ça mais… de grands malheurs sont arrivés… »
Il comprend subitement. Il comprend pourquoi il n’y avait personne à l’embarcadère, alors que certains marins enlaçaient leur femmes, il comprend pourquoi personne ne lui a adressé la parole dans la rue, il pensait qu’on ne le reconnaissait pas ; mais comment ne pas le reconnaitre ? Il comprend l’air grave de Ranir, et cette sensation de froid quand il a prit pied sur le ponton. Il met un certain temps à réagir, il se rend compte qu’il a eu une absence, qu’il doit toujours arborer un sourire béat. Quand il revient à lui, ce sont des larmes qui coulent silencieusement sur sa joue balafrée, et pas de joie cette fois.
« Qu’est ce qui s’est passé ? »
Ils hésitent. Ils ne savent par où commencer, ils ne savent pas comment leur vieil ami va encaisser le choc. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que dans le cœur du marin, les paroles de son capitaine résonnent de plus en plus fort. Il sent le malheur, il le palpe, il sait qu’ils sont morts, il accuse le coup. Il en pleurera, il se saoulera à la mort, il frappera les murs et maudira les dieux, mais il tiendra, c’est un homme de la mer maintenant ; forgé par l’écume et le vent. Par vents et marrées, il tiendra. Comme un récif au milieu de la tourmente. C’est ce qu’il se répète. Il attend. Il veut savoir. Il n’a pas peur.
Il n'a pas peur, non, c'est au delà de ça : il est terrorisé.
Après s’être regardés, ses amis le tiennent par la main, et c’est Ravaro qui lui explique :
« C’était il y a trois ans ; un hiver très rude. Ça encore, ça allait, tu vois, on connait le froid mordant des marais… Sauf que cette année là, il y a eu pire. On sait pas trop comment c’est venu, beaucoup pensent que c’est un coup des nécromants, mais la peste, vieux frère, la peste a ravagé la ville. »
Amerion poursuit :
« Les prêtres étaient débordés, je le sais, j’étais initié, on soignait les gens, mais dans les jours qui suivaient ils retombaient malades. On a fait appel à Arianaka, on a eu des renforts, des fils d’Arian sont venus, des prêtres, des pèlerins de l’ouest également, les Onans ont fait ce qu’ils ont pu, à base d’herbes, de plantes enfin, je te passe les détails. Ce fut une hécatombe… Et Julie… ont passait la voir régulièrement avec les autres, elle supportait plutôt pas mal. J’avais réservé des potions et des baumes spécialement pour elle mais… elle a eu une foudroyante… en une douzaine d’heure… On n’a rien pu faire. Je suis arrivé en catastrophe, prévenu par… par ton fils, mais je n’avais rien, tout les stocks étaient vide, j’ai envoyé un messager prévenir mes supérieurs, mais c’était trop tard ; quand ils sont arrivés, j’avais donné les derniers sacrements. Elle est partie sans douleurs si ça peut te… enfin, j’avais juste de quoi soulager sa souffrance. Ses dernières pensées étaient pour toi. Je… je suis désolé ami, je ne vois pas quoi dire d’autre. »
Dzarick se tait. Il n’a rien à dire. C’est toujours étrange de voir un homme pleurer. Le désespoir vous ravage un homme. Ses amis respectent son silence et sa douleur, ils le tiennent par les épaules. Les autres clients les regardent, beaucoup on compris, ils ont reconnu Dzarick le seizième, et respectent sa douleur comme si c’était la leur. C’est ça Galik, chacun souffre par sympathie. Tous dans le même marais, tous égaux dans la douleur.
Il finit par respirer un grand coup. Ça fait trois ans. Il vient de l’apprendre et ça fait trois ans. Toutes ces putains de légendes où les amants, séparés par des milliers de kilomètres, « savent » quand quelque chose ne va pas, il se dit que c’est de la belle connerie.
« Et Dzarick ? Il est… il est mort aussi, n’est-ce pas ? Lui aussi ? Mon fils ? »
Cette fois, c’est Vargien qui prend la parole.
« Oui, seizième, il est mort aussi. Ce n’est pas la peste qui l’a tué. Il est mort il y a… quelques jours. La veille de la fête des bougies. Je l’ai su le lendemain car je l’attendais. Je dois te dire une chose : Lorsque que Julie est morte, ton fils était dévasté. Il a tout lâché, il n’a rien voulu savoir, il s’est enfuit. On l’a cherché pendant des semaines. Le fait est que des amis à moi l’on retrouvé, il vivait dans les souterrains. Il n’a jamais plus voulu de maison, de famille. On lui a tous proposé de venir vivre chez nous, on pouvait s’occuper de lui jusqu’à ton retour. Mais il ne voulait plus de famille, son père était partit, et il avait entendu trop d’histoire où les pères ne revenaient pas ; sa mère morte, c’en était trop pour lui. Alors il est devenu un gamin des rues. Il était en danger, Dzarick, alors j’ai fait la seule chose que je pouvais faire pour le protéger, je l’ai fait rentrer chez les Anges. C’était le seul moyen. C’était un très bon élément. Réglo, respectueux, talentueux. Il serait devenu quelqu’un de bien. Mais cette nuit là –il était en mission- il a fait une mauvaise rencontre… un mort, un… vampire… il l’a prit pendant son sommeil.
Dzarick commençait à ressentir une profonde colère
-Mon fils s’est fait tuer par un de vampire ?
Il sentit une main sur son épaule
-Pas tué, Dzarick, pas vraiment. Il s’est fait… changer. »
C’était Ranir. Il était arrivé à leur table et d’une main paternelle couvrait la puissante épaule du fils de l’un de ses meilleurs amis.
C’en était trop. Tout simplement trop, Dzarick balbutia quelques mots avant de se lever. Ses amis se lèvent pour le suivre, il leur fait signe de rester. Il ne peut pas parler, il ne le veut pas.
Il quitte la taverne, chancelant, et après quelques pas, vomit sur le pavé.
Il ne voit plus rien tant les larmes brouillent ses yeux, il erre dans les rues, court parfois, s’assied sur une caisse au port pour pleurer.
Ses amis l’ont suivi. De loin. Ils croisent le capitaine Brezara, et lui expliquent tout. Le vieil homme verse une larme pour son second. Il va s’assoir à quelques mètres, tirant sur sa pipe, et surveillant son ami du coin de l’œil.
Ses amis s’approchent de lui. Ils s’accroupissent à ses cotés. Tout contre lui ; ils ne savent pas quoi dire. Il n’y a rien à dire.
Au bout d’une trentaine de minutes, les sanglots se font moins fréquents ; et c’est d’une voix brisée qu’il demande à Vargien :
« Son nom.
-A qui Dzarick ?
-Son putain de nom !
-Je ne sais pas… mais je le saurais, si tu me laisse un peu de temps.
-Je vais le renvoyer faire dire bonjour aux profondeurs… vous m’entendez ? Il sanglote. Je vais le retrouver ce putain de mort-vivant, je vais lui arracher le cœur avec mes mains… Lui arracher son putain de cœur avec les mains ! »
Alors que les cris du père résonnent encore sur l'eau des quais, Vargien regarde ses amis, il attend l’assentiment qu’il tient déjà pour acquis. Une fois que chacun d’entre eux a hoché la tête, il part. Il sait qui contacter. Il connaitra le nom du vampire avant la nuit suivante.
Bereza regarde l’océan devant lui, il voit son navire à quelques mètres. Il est intriguant de voir que dans son délire, Dzarick a retrouvé son chemin jusque devant son bateau.
Il sait ce qu’il va se passer ensuite. Il le sait, il a vu trop d’hommes et de femmes s’effondrer une fois à quai en apprenant les nouvelles de ceux qu’ils avaient laissés… il saisit un lampion et en souffle la bougie.
« Un marin est mort. Un tueur est né. »
Derrière eux, sur la place des victoires, les premiers accords de musiques résonnent, et le bal commence. Chacun des danseurs sent le deuil, et chacun d’entre eux regarde la mer. Ils souffrent, ils souffrent par sympathie ; mais ils ressentent la colère également, et la respectent comme si c’était la leur. C’est ça Galik, chacun éprouve par sympathie. Tous dans le même marais, tous égaux dans la rage.
Galik, Une nuit bien remplie
Voici le deuxième texte écrit pour mettre dans l'ambiance de cette ville gothique où le danger rôde à chaque coin de rue. L'histoire d'un jeune garnement, vue par nul autre que lui, ainsi qu'il a vécu cette étrange nuit.
Gardez-le bien en mémoire, son histoire aura une importance pour le troisième et dernier texte sur cette ville...
Une nuit bien remplie...
Une, deux, troisième ruelle, cinquième marche glissante, on vire sur la gauche…
Vingt mètres, je cours, la statue en forme de lion, je bondis dessus, prends un appui sur l’encoche de la crinière, et j’agrippe le parapet du pont supérieur, troisième arche, je récupère mes chausse trappe de secours.
Mon foutu sac me lamine l’épaule gauche, c’était vraiment le bon soir pour que la courroie pète ! J’aurais jamais du l’acheter à ce connard arianith ; « incassable » mes couilles ! Si je le retrouve, je lui raconte ma blague perso, celle qui fait un sourire jusqu’aux oreilles, littéralement.
Colonne de gauche, c’est le coin du vieux Marly, je lui fais signe en courant à toute jambe, il lâche son rat ; les gars seront prévenus. Il faut que je les sème, je dois encore récupérer un colis chez les bourges avant de retourner au quartier.
Je récapitule : je suis bien passé chez les Tourbiers, j’ai récupéré le « message » à livrer au port ; je suis passé payer le Tribu au Vieillard au coin des Halles, et je l’ai prévenu pour la prochaine assemblée ; j’ai demandé la bénédiction en priant à l’autel des autres vies de la bande… et j’allais forcer la porte de l’entrepôt pour déposer le message quant ces abrutis de l’Epée m’ont grillés. Obligé de faire demi-tour pour les paumer dans le bas quartier, pas que ça à foutre, moi !
Cinq ou dix minute que je galope, j’en peux plus, je …Baisse ! Par les loches d’Hermina, elle est pas passée loin celle-là ! Mille putes ! ils m’ont rattrapés ! Il fallait que ce soit une escouade Zan ! Ça ne pouvait pas être ces balourds en cuirasse ! naaaaaaan, mais bien des putains d’archers surentraîné à crapahuter dans les ruelles et sur les toits ! Mais qu’est ce que j’ai fait aux dieux bordel ! L’avantage, c’est qu’ils ont des bottes légères, hop, deuxième ruelle, ils ont pas le choix, peuvent pas faire le tour puisqu’elle descend en souterrain. Vlan, derrière l’angle, les chausse-trappes, ça va les calmer. Fumiers !
Derrière le deuxième soupirail, ça va patauger sévère dans la vase, mais avec les planche, je passe sans me mouiller, c’est l’avantage de faire 1m40 et de peser 35 kilos tout mouillé, ces grands connards en cuir vont s’enfoncer ! Tiens ? Des cris, en v’la un ou deux qui pourront passer chez Wu-Kauln pour se faire retirer les bouts de métal de deux pouce et demi qu’ils ont enfoncé dans le panard ! Dans vos gueule les pénibles ! Ça vous f’ra les pieds ! warf !
Fais chier, elle est où déjà cette entrée ? Ha ! La statue bizarre ! Deuxième à droite. Le soupirail ; me v’la dans les égouts, j’entends du grabuge derrière, les gars sont arrivés pour ralentir les gardes. Je prends encore un peu d’avance et je pourrais souffler.
Okayyyyy, on laisse le cœur ralentir, on s’étire mon ptit Dzarick, sinon, c’est crampe assurée, et ça, ça craint. Etirements, assouplissements, on se laisse refroidir avec douceur… de toute façon, ils vont surveiller l’entrepôt, je vais devoir déposer le message ailleurs (il est lourd ce con), et à cette heure ci, c’est encore trop dangereux. J’en profite pour rafistoler ma lanière de sac à dos (enculé de marchand de mes deux, que les profondeurs t’arrachent et te broient lentement).
Brumes noires moins deux, ça va se lever, je le sens à l’odeur qui refoule des allées, il doit se faire 11h30 ou minuit, ça va être une sale purée de pois, et ça, pour le boulot, c’est bien.
Par contre ce soir, Destra est presque absente, et Sestra est gibeuse, presque pleine, c’est un temps à cadavéreux, il va falloir se méfier.
Je prends les vieux couloirs c’était une rue avant d’être transformé en égouts, il reste encore des maisons abandonnées, refuges de mendiants… Je tourne à la « fontaine » et prends l’ancienne rue des Brouettes. Je bénis le jour où je me suis payé cette pierre de lumière, c’était pas donné, mais crapahuter dans les égouts tourbeux avec une torche peut se révéler être du suicide par endroit. C’est depuis un coup comme ça que Vigo le Bacon a gagné son surnom.
Hop, bientôt l’escalier pour revenir à la surface.
Merde. Cette entrée n’existait pas la semaine dernière… voyons ça, débris de pierre, pioches abandonnées, ça blaire la charogne… Pas de doutes, ya une bande de cadavéreux qu’à fait creuser un tunnel par leurs zombis ; il faut décamper vite ! J’entends des rires et des bruits douteux, je ne veux même pas savoir ce qui se trame, il faudra que je prévienne le Vieillard.
Je prends le suivant ; bouché évidemment ! Je vais voir sans trop y croire le petit passage de la butte, mais je commence déjà à me résigner au détour de merde que je vais devoir faire.
Et vlan ! gagné, ça faisait pas un plis… Merde ! Obligé de bifurquer par le territoire des Shives. Putain, manquait plus que ça.
Ces connards là, c’est les pires, ils sont nombreux, brutaux, bien armés, et implantés à Malokaya, d’où ils se font parvenir de jolis jouets. Yen a même qui disent que là-bas ils traitent avec le Masque… faut être vraiment chtarbé.
Le détour est chiant, mais la chance est avec moi, une fois à la surface, je suis dans la foule. Ils sont pas encore couchés, normal une veille de fête des lumières, tout le monde installe ses bougies ; coup de bol. Les Shives ne me poseront pas de problèmes si je reste dans les grands axes.
Direction : la capitainerie. J’en aurais chié pour ce message de merde ; en plus vu le poids, je crois pas que ce soit du papier… Dans une boite fermée, ya de grande chance que ce soit un truc qui fasse tchao bye bye à ceux qui l’ouvrent… ou bien c’est une tête, ou un truc du genre.
Je dois bousculer une ou deux personnes pour prendre la ruelle que je veux ; un couple s’embrasse dans un coin sombre, ça sent la ribaude ou l’adultère ; vu que le gars est sapé comme un prince…
Après trois mètres je me rends compte de ma connerie, c’était ni l’un ni l’autre, le gars se nourrissait peinard. Je fais le signe en priant pour que le brusque afflux sanguin que provoque mon cœur qui bat à me sortir de la poitrine ne donne pas envie au type de se faire un ptit dessert. Il voit le signe, l’amulette, il me laisse passer et continue sa pitance.
Nuit de merde ! En plus je déteste les vampires ! Mauvais augure… ya un truc qui refoule sévère, trop de choses dans la même nuit. Je livre le colis sans fioritures et je me casse vite fait. Je me planquerais au bordel jusqu’au matin au pire, Nayana m’accueillera, elle est toujours sympa avec moi, et puis si elle est d’humeur, il y a même des chances que je passe une excellente nuit ; elle aime pas trop faire ça avec les gamins, mais moi des fois, j’ai le droit.
Capitainerie ; tout est serein. Ya quelques clampins qui cuvent ou qui chantent, rien de bien méchant, je reste planqué dans l’ombre d’une statue pendant une quinzaine de minute pour bien vérifier les lieux, des fois que ce serait une ruse. Je dois devenir parano. De toute façon, avec ce brouillard…
Bon, à la base ça devait être dans l’entrepôt de Caliaranar, ben ça va être dans son bureau. Ou au moins à la porte de son bureau. Je connais bien les lieux, j’y ai bossé deux ans. Deuxième étage, façade nord ; En grimpant sur le toit du temple de Kwunn, je pourrais relier la capitainerie au grappin, et de là ce sera un jeu d’enfant de forcer la fenêtre.
Bon, colis déposé ; j’en ai profité pour faucher quelques documents officiels, ça se recèle bien chez les faussaires, et il y avait quelques aiglons qui traînait, dans la poche ! Et j’offrirais la broche en cuivre avec les éclats de quartz à Nayana ; elle adore les bijoux ! En plus ya des jolies écritures dessus (j’ai quand même vérifié si c’était pas magique, je suis gentil, pas con…).
Je me campe un moment sur le mât d’un navire pour surveiller les alentours… tout semble calme. Bien. Je vois les lumières du bordel, je passerais demain matin rendre mes comptes.
Je me fous la frousse à un moment, quand je me rends compte que le vampire de tout à l’heure est en train de me mater depuis la terrasse de la taverne du port, mais il sourit et lève son verre dans ma direction… j’étais prêt à prendre la tangente quand j’ai vu qu’il faisait signe à un type en armure de cuir complète, qui vient s’assoir à sa table en riant.
N’empêche que j’aurais juré que c’est moi qu’il regardait ; ce qui est très con, parce que là où je suis planqué, on peut me voir que du ciel à cause de la brume, et de toute façon, je suis trop loin pour voir exactement où se porte son regard. Parano, que j’deviens, nuit de merde, c’est tout. Calme maintenant, les vieux seront fiers de toi.
Dans le doute, je vérifie que mes dagues sont bien place, je les enduis d’arsenic, pour être sûr. Mes dards sont là aussi. Tout va bien.
J’arrive (comme d’hab) par la fenêtre de chez Nayana, elle vient de finir le boulot et elle est dans son bain. Je vire mes chaussons de feutre, j’me pose tranquillement dans son plumard, en posant la broche sur son oreiller. Il meule sévère à cette époque de l’année, je prendrais bien un bain chaud moi aussi, mais faut pas pousser.
Je gamberge peinard en matant la lune à travers la fenêtre, bien au chaud dans les bras de la belle Nayana, tout contre sa poitrine (elle a bien aimé la broche) ; le brouillard est salement méchant ce soir, il y en a jusqu’à l’étage, devant la fenêtre, bien épais. Il bouge même pas, tellement ya pas de vent.
Le sommeil me prends subitement, les émotions de la nuit qui me rattrapent sans doute ; dans mon demi-sommeil, je commence déjà à rêver, j’ai l’impression que ya tellement de brume qu’il y en a jusque dans la piaule, je me resserre contre Nayana, j’entends un murmure, elle doit parler dans son sommeil ;
Bonne nuit petit Dzarick, je peux être fier, demain sera un autre jour…
« Bonne nuit petit Dzarick, tu me rendras fier, et demain sera une autre nuit… une longue nuit. »
L'être regarde le petit homme qui dort paisiblement dans les bras de la jolie prostituée. Un enfant éternel ? Pourquoi pas…
Gardez-le bien en mémoire, son histoire aura une importance pour le troisième et dernier texte sur cette ville...
Une nuit bien remplie...
Une, deux, troisième ruelle, cinquième marche glissante, on vire sur la gauche…
Vingt mètres, je cours, la statue en forme de lion, je bondis dessus, prends un appui sur l’encoche de la crinière, et j’agrippe le parapet du pont supérieur, troisième arche, je récupère mes chausse trappe de secours.
Mon foutu sac me lamine l’épaule gauche, c’était vraiment le bon soir pour que la courroie pète ! J’aurais jamais du l’acheter à ce connard arianith ; « incassable » mes couilles ! Si je le retrouve, je lui raconte ma blague perso, celle qui fait un sourire jusqu’aux oreilles, littéralement.
Colonne de gauche, c’est le coin du vieux Marly, je lui fais signe en courant à toute jambe, il lâche son rat ; les gars seront prévenus. Il faut que je les sème, je dois encore récupérer un colis chez les bourges avant de retourner au quartier.
Je récapitule : je suis bien passé chez les Tourbiers, j’ai récupéré le « message » à livrer au port ; je suis passé payer le Tribu au Vieillard au coin des Halles, et je l’ai prévenu pour la prochaine assemblée ; j’ai demandé la bénédiction en priant à l’autel des autres vies de la bande… et j’allais forcer la porte de l’entrepôt pour déposer le message quant ces abrutis de l’Epée m’ont grillés. Obligé de faire demi-tour pour les paumer dans le bas quartier, pas que ça à foutre, moi !
Cinq ou dix minute que je galope, j’en peux plus, je …Baisse ! Par les loches d’Hermina, elle est pas passée loin celle-là ! Mille putes ! ils m’ont rattrapés ! Il fallait que ce soit une escouade Zan ! Ça ne pouvait pas être ces balourds en cuirasse ! naaaaaaan, mais bien des putains d’archers surentraîné à crapahuter dans les ruelles et sur les toits ! Mais qu’est ce que j’ai fait aux dieux bordel ! L’avantage, c’est qu’ils ont des bottes légères, hop, deuxième ruelle, ils ont pas le choix, peuvent pas faire le tour puisqu’elle descend en souterrain. Vlan, derrière l’angle, les chausse-trappes, ça va les calmer. Fumiers !
Derrière le deuxième soupirail, ça va patauger sévère dans la vase, mais avec les planche, je passe sans me mouiller, c’est l’avantage de faire 1m40 et de peser 35 kilos tout mouillé, ces grands connards en cuir vont s’enfoncer ! Tiens ? Des cris, en v’la un ou deux qui pourront passer chez Wu-Kauln pour se faire retirer les bouts de métal de deux pouce et demi qu’ils ont enfoncé dans le panard ! Dans vos gueule les pénibles ! Ça vous f’ra les pieds ! warf !
Fais chier, elle est où déjà cette entrée ? Ha ! La statue bizarre ! Deuxième à droite. Le soupirail ; me v’la dans les égouts, j’entends du grabuge derrière, les gars sont arrivés pour ralentir les gardes. Je prends encore un peu d’avance et je pourrais souffler.
Okayyyyy, on laisse le cœur ralentir, on s’étire mon ptit Dzarick, sinon, c’est crampe assurée, et ça, ça craint. Etirements, assouplissements, on se laisse refroidir avec douceur… de toute façon, ils vont surveiller l’entrepôt, je vais devoir déposer le message ailleurs (il est lourd ce con), et à cette heure ci, c’est encore trop dangereux. J’en profite pour rafistoler ma lanière de sac à dos (enculé de marchand de mes deux, que les profondeurs t’arrachent et te broient lentement).
Brumes noires moins deux, ça va se lever, je le sens à l’odeur qui refoule des allées, il doit se faire 11h30 ou minuit, ça va être une sale purée de pois, et ça, pour le boulot, c’est bien.
Par contre ce soir, Destra est presque absente, et Sestra est gibeuse, presque pleine, c’est un temps à cadavéreux, il va falloir se méfier.
Je prends les vieux couloirs c’était une rue avant d’être transformé en égouts, il reste encore des maisons abandonnées, refuges de mendiants… Je tourne à la « fontaine » et prends l’ancienne rue des Brouettes. Je bénis le jour où je me suis payé cette pierre de lumière, c’était pas donné, mais crapahuter dans les égouts tourbeux avec une torche peut se révéler être du suicide par endroit. C’est depuis un coup comme ça que Vigo le Bacon a gagné son surnom.
Hop, bientôt l’escalier pour revenir à la surface.
Merde. Cette entrée n’existait pas la semaine dernière… voyons ça, débris de pierre, pioches abandonnées, ça blaire la charogne… Pas de doutes, ya une bande de cadavéreux qu’à fait creuser un tunnel par leurs zombis ; il faut décamper vite ! J’entends des rires et des bruits douteux, je ne veux même pas savoir ce qui se trame, il faudra que je prévienne le Vieillard.
Je prends le suivant ; bouché évidemment ! Je vais voir sans trop y croire le petit passage de la butte, mais je commence déjà à me résigner au détour de merde que je vais devoir faire.
Et vlan ! gagné, ça faisait pas un plis… Merde ! Obligé de bifurquer par le territoire des Shives. Putain, manquait plus que ça.
Ces connards là, c’est les pires, ils sont nombreux, brutaux, bien armés, et implantés à Malokaya, d’où ils se font parvenir de jolis jouets. Yen a même qui disent que là-bas ils traitent avec le Masque… faut être vraiment chtarbé.
Le détour est chiant, mais la chance est avec moi, une fois à la surface, je suis dans la foule. Ils sont pas encore couchés, normal une veille de fête des lumières, tout le monde installe ses bougies ; coup de bol. Les Shives ne me poseront pas de problèmes si je reste dans les grands axes.
Direction : la capitainerie. J’en aurais chié pour ce message de merde ; en plus vu le poids, je crois pas que ce soit du papier… Dans une boite fermée, ya de grande chance que ce soit un truc qui fasse tchao bye bye à ceux qui l’ouvrent… ou bien c’est une tête, ou un truc du genre.
Je dois bousculer une ou deux personnes pour prendre la ruelle que je veux ; un couple s’embrasse dans un coin sombre, ça sent la ribaude ou l’adultère ; vu que le gars est sapé comme un prince…
Après trois mètres je me rends compte de ma connerie, c’était ni l’un ni l’autre, le gars se nourrissait peinard. Je fais le signe en priant pour que le brusque afflux sanguin que provoque mon cœur qui bat à me sortir de la poitrine ne donne pas envie au type de se faire un ptit dessert. Il voit le signe, l’amulette, il me laisse passer et continue sa pitance.
Nuit de merde ! En plus je déteste les vampires ! Mauvais augure… ya un truc qui refoule sévère, trop de choses dans la même nuit. Je livre le colis sans fioritures et je me casse vite fait. Je me planquerais au bordel jusqu’au matin au pire, Nayana m’accueillera, elle est toujours sympa avec moi, et puis si elle est d’humeur, il y a même des chances que je passe une excellente nuit ; elle aime pas trop faire ça avec les gamins, mais moi des fois, j’ai le droit.
Capitainerie ; tout est serein. Ya quelques clampins qui cuvent ou qui chantent, rien de bien méchant, je reste planqué dans l’ombre d’une statue pendant une quinzaine de minute pour bien vérifier les lieux, des fois que ce serait une ruse. Je dois devenir parano. De toute façon, avec ce brouillard…
Bon, à la base ça devait être dans l’entrepôt de Caliaranar, ben ça va être dans son bureau. Ou au moins à la porte de son bureau. Je connais bien les lieux, j’y ai bossé deux ans. Deuxième étage, façade nord ; En grimpant sur le toit du temple de Kwunn, je pourrais relier la capitainerie au grappin, et de là ce sera un jeu d’enfant de forcer la fenêtre.
Bon, colis déposé ; j’en ai profité pour faucher quelques documents officiels, ça se recèle bien chez les faussaires, et il y avait quelques aiglons qui traînait, dans la poche ! Et j’offrirais la broche en cuivre avec les éclats de quartz à Nayana ; elle adore les bijoux ! En plus ya des jolies écritures dessus (j’ai quand même vérifié si c’était pas magique, je suis gentil, pas con…).
Je me campe un moment sur le mât d’un navire pour surveiller les alentours… tout semble calme. Bien. Je vois les lumières du bordel, je passerais demain matin rendre mes comptes.
Je me fous la frousse à un moment, quand je me rends compte que le vampire de tout à l’heure est en train de me mater depuis la terrasse de la taverne du port, mais il sourit et lève son verre dans ma direction… j’étais prêt à prendre la tangente quand j’ai vu qu’il faisait signe à un type en armure de cuir complète, qui vient s’assoir à sa table en riant.
N’empêche que j’aurais juré que c’est moi qu’il regardait ; ce qui est très con, parce que là où je suis planqué, on peut me voir que du ciel à cause de la brume, et de toute façon, je suis trop loin pour voir exactement où se porte son regard. Parano, que j’deviens, nuit de merde, c’est tout. Calme maintenant, les vieux seront fiers de toi.
Dans le doute, je vérifie que mes dagues sont bien place, je les enduis d’arsenic, pour être sûr. Mes dards sont là aussi. Tout va bien.
J’arrive (comme d’hab) par la fenêtre de chez Nayana, elle vient de finir le boulot et elle est dans son bain. Je vire mes chaussons de feutre, j’me pose tranquillement dans son plumard, en posant la broche sur son oreiller. Il meule sévère à cette époque de l’année, je prendrais bien un bain chaud moi aussi, mais faut pas pousser.
Je gamberge peinard en matant la lune à travers la fenêtre, bien au chaud dans les bras de la belle Nayana, tout contre sa poitrine (elle a bien aimé la broche) ; le brouillard est salement méchant ce soir, il y en a jusqu’à l’étage, devant la fenêtre, bien épais. Il bouge même pas, tellement ya pas de vent.
Le sommeil me prends subitement, les émotions de la nuit qui me rattrapent sans doute ; dans mon demi-sommeil, je commence déjà à rêver, j’ai l’impression que ya tellement de brume qu’il y en a jusque dans la piaule, je me resserre contre Nayana, j’entends un murmure, elle doit parler dans son sommeil ;
Bonne nuit petit Dzarick, je peux être fier, demain sera un autre jour…
« Bonne nuit petit Dzarick, tu me rendras fier, et demain sera une autre nuit… une longue nuit. »
L'être regarde le petit homme qui dort paisiblement dans les bras de la jolie prostituée. Un enfant éternel ? Pourquoi pas…
Galik, La légende de Galik
J'ai créé un monde "à moi" pour le jeu de rôle, baptisé Ariana, pour y faire jouer mes amis. Tout y est de ma création, même si, comme dans tout univers "personnel" on y retrouve moult inspirations, influences, concepts et idées venus d'ailleurs. Littérature, autres jeux, mythologie du monde réel, film, j'en passe.
J'avais, afin de mettre mes joueurs dans l'ambiance, rédigé quelques textes sur une ville assez particulière du monde dans laquelle ils allaient devoir passer un peu de temps. Je pourrais bien vous mettre la description de la ville sobrement, mais je doute qu'elle intéresse grand monde. Sur ce blog ce sont bien les textes les plus importants, et non pas le fond de jeu de rôle qu'il y a derrière.
Commençons néanmoins par une description, mais pas celle, textuelle et sans vie qu'on pourrait trouver dans un manuel de géographie; plutôt celle d'une des personnes importantes de la ville : son fantasque et mystérieux responsable.
La légende de Galik :
Salutations à tous, cher amis, administrés, concitoyens, simples voyageurs, amis d’hier, ennemis de demain, ceux qui conspuent ; ceux qui conspirent, ce qui transpirent à ma victoire, et ceux qui expirent auprès du bar ; (…)
Bien des personnes se demandent, me mandent pour me demander si je sais, si j’ai la vague intuition, la lumière sur un sujet obscur : qui a construit Galik, qui en premier, sur le premier lieu a foulé ces pavés et posé la première pierre d’un édifice que l’on dit vil(le).
Il existe une vieille légende à ce sujet, que je m’en vais, amis escomptés, vous conter. Je la tiens d’un vieil homme sur qui le temps n’a pas d’emprise (dent prise) ; croisé il y a bien des années, après avoir ahané dans les marais, où fut perdu Meliatross, fier compagnon dont l’envol fut interrompu par un caïman –et ne vous y trompez pas, ceci n’est point nom d’oiseau, mais bien de marin (mare, hein !)- grâces lui soit rendues –je ne parle pas du reptile, bien entendu-.
Le vieillard était agile mais aussi loquace, soliloquant des faits cocasses. Parmi ses élucubrations je pus saisir cette légende qui va vous ravir. Il parlait comme si de visu il vécut son histoire, ce qui ne m’étonnerait pas, je le confesse, eut égard à sa vieillesse.
« Il était une fois –car c’est ainsi que toute histoire se doit de faire son incipit – un marais dit des dents fausses, où miroitait parfois dans les fosses les reflets mats de Destre et Senestre -dont la féminité évidente, tant par l’allure que la beauté, leur valu plus tard l’ajout du « a » - ; les temps étaient durs voyez-vous, car les dieux n’avaient calmé leur (r)ire que peu de temps auparavant. Bien des hommes étaient fous, fous comme seuls des soldats peuvent l’être –et ici je salue Lara-, et ces hommes maraudaient, et par ici dans les mares tombaient. Les hommes avaient cette terre pour eux, car en ce temps, nul Homme-Lézard ne foulait ces terres –en foulaient d’ailleurs-ils une autre ? – et ces hommes marchèrent dans les tourbière dans l’espoir de trouver autre chose que leur bière –nous ne parlons point d’orge et d’houblon, mais bien de rites funéraires, j’en vois dans l’assemblée dont l’œil s’était allumé, rassérénez vous, feux follets, éteignez-vous et retournez à votre bar-banc ordinaire - ;
Il est dit qu’un beau jour –ou peut-être une nuit, peu importe- La brume se souleva, et de par la mer (mère), ou bien la terre, voire le Père ; la ville s’installa ; nul ne vit quoi que ce soit, mais lorsque le brouillard se dissipa, la ville était là, faite (faîtes) de pierres, statues légendaires, qui dégageaient dans l’air un air sévère, représentant des choses que nuls ne connaissait, des héros d’un temps immémorial siégeaient à coté de pierres tombales, regardant d’égal à égal des anges aux ailes de métal.
Tortueuse cité, que chacun pensait vivante, aux maisons comme abandonnées la veille mais qui semblaient si vieilles que beaucoup hésitèrent à s’y installer. L’ont crû l’endroit maudit, et sur quelques mots dits, l’on inscrivit sur les pierres « Ga’arh Lich », le tombeau des brumes –ou le brumaire tombeau, au mot à mot-. Et l’endroit fut évité. Pendant bien des années, quelques âmes brûlées -à moins que ce ne soit la tête, et l’âme d’aventurier- tentèrent l’expérience –et les aventuriers comprennent le jeu de mot- ils allèrent chercher gloire et trésors dans cette cité de brumes. Certains revinrent, d’autres pas, on accuse plus souvent les marais que la ville en elle-même.
Pendant une décennie, la ville reste tombeau, et évolue par elle-même, des quartiers s’enfonçant, d’autres remontants. Mais l’on reprends contact avec de vieux amis ! Jowkwi donne signe de vie ! Liesse générale ! des familles séparée se retrouvent, et les navire reconstruits voguent toute voile dehors ; mais pour tout ces navires, il faut un port… Et la ville d’Arian est bien loin, comparée à la cité des brumes… alors on prends porcs (port), veaux, vaches, cochons, et amis, exodons ! la ville fut saisie, par un siège éclair ! Une bataille comme jamais on en avait vu : pas un mort, pas un blessé, la reddition fut instantanée ! –Ou bien ne s’est-elle en fait jamais rendue, préparant depuis des siècles la reconquête, enfin, passons-.
Ga’arh Lich fut rattachée à l’empire, et l’histoire de notre cité (citée) commença ! Pour la suite de l’histoire, je vous enjoins à consulter le cadastre, car mon travail est le songe, et il se finit quand les écrits commencent ! »
J'avais, afin de mettre mes joueurs dans l'ambiance, rédigé quelques textes sur une ville assez particulière du monde dans laquelle ils allaient devoir passer un peu de temps. Je pourrais bien vous mettre la description de la ville sobrement, mais je doute qu'elle intéresse grand monde. Sur ce blog ce sont bien les textes les plus importants, et non pas le fond de jeu de rôle qu'il y a derrière.
Commençons néanmoins par une description, mais pas celle, textuelle et sans vie qu'on pourrait trouver dans un manuel de géographie; plutôt celle d'une des personnes importantes de la ville : son fantasque et mystérieux responsable.
La légende de Galik :
(Retranscription d’une partie du discours d’institution de Monseigneur Imenass de Havreblanc en tant que régent de la cité de Galik et de ses territoires, les lettres ou mots en parenthèse correspondent à différentes interprétations du même discours, les scribes en charge de noter l'élocution n'étant pas d'accord entre eux; volonté certaine du sieur Havreblanc, qui aime jouer sur les mots et semer le doute.)
Salutations à tous, cher amis, administrés, concitoyens, simples voyageurs, amis d’hier, ennemis de demain, ceux qui conspuent ; ceux qui conspirent, ce qui transpirent à ma victoire, et ceux qui expirent auprès du bar ; (…)
Bien des personnes se demandent, me mandent pour me demander si je sais, si j’ai la vague intuition, la lumière sur un sujet obscur : qui a construit Galik, qui en premier, sur le premier lieu a foulé ces pavés et posé la première pierre d’un édifice que l’on dit vil(le).
Il existe une vieille légende à ce sujet, que je m’en vais, amis escomptés, vous conter. Je la tiens d’un vieil homme sur qui le temps n’a pas d’emprise (dent prise) ; croisé il y a bien des années, après avoir ahané dans les marais, où fut perdu Meliatross, fier compagnon dont l’envol fut interrompu par un caïman –et ne vous y trompez pas, ceci n’est point nom d’oiseau, mais bien de marin (mare, hein !)- grâces lui soit rendues –je ne parle pas du reptile, bien entendu-.
Le vieillard était agile mais aussi loquace, soliloquant des faits cocasses. Parmi ses élucubrations je pus saisir cette légende qui va vous ravir. Il parlait comme si de visu il vécut son histoire, ce qui ne m’étonnerait pas, je le confesse, eut égard à sa vieillesse.
« Il était une fois –car c’est ainsi que toute histoire se doit de faire son incipit – un marais dit des dents fausses, où miroitait parfois dans les fosses les reflets mats de Destre et Senestre -dont la féminité évidente, tant par l’allure que la beauté, leur valu plus tard l’ajout du « a » - ; les temps étaient durs voyez-vous, car les dieux n’avaient calmé leur (r)ire que peu de temps auparavant. Bien des hommes étaient fous, fous comme seuls des soldats peuvent l’être –et ici je salue Lara-, et ces hommes maraudaient, et par ici dans les mares tombaient. Les hommes avaient cette terre pour eux, car en ce temps, nul Homme-Lézard ne foulait ces terres –en foulaient d’ailleurs-ils une autre ? – et ces hommes marchèrent dans les tourbière dans l’espoir de trouver autre chose que leur bière –nous ne parlons point d’orge et d’houblon, mais bien de rites funéraires, j’en vois dans l’assemblée dont l’œil s’était allumé, rassérénez vous, feux follets, éteignez-vous et retournez à votre bar-banc ordinaire - ;
Il est dit qu’un beau jour –ou peut-être une nuit, peu importe- La brume se souleva, et de par la mer (mère), ou bien la terre, voire le Père ; la ville s’installa ; nul ne vit quoi que ce soit, mais lorsque le brouillard se dissipa, la ville était là, faite (faîtes) de pierres, statues légendaires, qui dégageaient dans l’air un air sévère, représentant des choses que nuls ne connaissait, des héros d’un temps immémorial siégeaient à coté de pierres tombales, regardant d’égal à égal des anges aux ailes de métal.
Tortueuse cité, que chacun pensait vivante, aux maisons comme abandonnées la veille mais qui semblaient si vieilles que beaucoup hésitèrent à s’y installer. L’ont crû l’endroit maudit, et sur quelques mots dits, l’on inscrivit sur les pierres « Ga’arh Lich », le tombeau des brumes –ou le brumaire tombeau, au mot à mot-. Et l’endroit fut évité. Pendant bien des années, quelques âmes brûlées -à moins que ce ne soit la tête, et l’âme d’aventurier- tentèrent l’expérience –et les aventuriers comprennent le jeu de mot- ils allèrent chercher gloire et trésors dans cette cité de brumes. Certains revinrent, d’autres pas, on accuse plus souvent les marais que la ville en elle-même.
Pendant une décennie, la ville reste tombeau, et évolue par elle-même, des quartiers s’enfonçant, d’autres remontants. Mais l’on reprends contact avec de vieux amis ! Jowkwi donne signe de vie ! Liesse générale ! des familles séparée se retrouvent, et les navire reconstruits voguent toute voile dehors ; mais pour tout ces navires, il faut un port… Et la ville d’Arian est bien loin, comparée à la cité des brumes… alors on prends porcs (port), veaux, vaches, cochons, et amis, exodons ! la ville fut saisie, par un siège éclair ! Une bataille comme jamais on en avait vu : pas un mort, pas un blessé, la reddition fut instantanée ! –Ou bien ne s’est-elle en fait jamais rendue, préparant depuis des siècles la reconquête, enfin, passons-.
Ga’arh Lich fut rattachée à l’empire, et l’histoire de notre cité (citée) commença ! Pour la suite de l’histoire, je vous enjoins à consulter le cadastre, car mon travail est le songe, et il se finit quand les écrits commencent ! »
Background : Eldricht
Un autre historique, comme pour celui de Zenais, l'histoire se passe dans le monde des Terres Balafrées. Le style, tout comme le personnage, et bien différent.
"Il aura les cheveux de Neige
Et les yeux fendus par la griffe du Temps
En son temps, il se liera au cortège
De trop de rêveurs impénitents
Son existence est vouée au sacrilège,
Sa destinée le sera aux Titans
Prenez garde à ses sortilèges
A son être, ses geste, ses mots exaltants."
Ainsi parla une sorcière à moitié timbrée d'Abadie. Cette folle a prononcé cette "prophétie" le jour de ma naissance. Les premiers vers en étaient du coup un peu faciles...
Bon, a posteriori il s'est avéré qu'elle a eu plutôt raison sur le reste. Il n'empêche que cette radasse ne m'a pas rendu la vie facile avec ses avertissements. Considéré comme un mauvais présage par tout le village ne m'a pas aidé à avoir une enfance facile...
Ma mère est morte en me donnant naissance -ça non plus n'aide pas à avoir l'amour de la famille-, quand à mon père, je sais qu'il avait des doutes quand à ma légitimité. Il faut dire que j'étais loin de son gabarit de grand brun au yeux verts avec ma tignasse blanche (déjà fournie à la naissance) et mes yeux jaunes à l'iris fendu.
Il faut reconnaître ça à mon père : ce n'était pas un modèle d'amour, ni d'ailleurs de finesse. Mais lui, contrairement à la plupart des autres habitants du coin, de m'a jamais repoussé pour ce que j'étais. Je suis né de sa femme, je suis donc son fils. Point.
Se voilait-il la face par honneur ou savait-il des choses que j'ignorais, on peut dire que sa présence m'a fait du bien.
C'est lui qui m'a rompu aux arts du combat; son entraînement n'était pas facile, d'autant que j'était plutôt un gringalet à l'époque. Mais courir presque nu dans la neige avec des loups au train, chasser la biche avec un hache de lancer, ou encore escalader des pins en plein hiver en tractant des rondins a eu tôt fait de me forger une musculature qui, à défaut d'être imposante ou égale à celle du paternel, avait le mérite de me faire un tant soit peu respecter par les autres garçons de mon âge.
Apprendre à esquiver les pierres que l'on me jetait déjà à l'époque fut également bien salvateur pour mon futur, mais passons l'apitoiement du "pauvre malheureux que personne n'aimait". Il faut admettre que je leur rendait bien, à ces fumiers; eux attaquaient en groupe, en plein jour, moi je les prenait dans le dos, pendant qu'ils pissait après avoir bu un coup, et je n'arrêtait jamais de taper avec que l'autre pleure du sang ou arrête de bouger.
Puis, Père (Aldric Azrel, de son vrai nom) m'apprit les arme lorsque j'eu 12 ans. Un bonne épée à deux mains ou une grand hache de bataille, ça c'était de l'arme, l'arc c'est bon pour les chasseurs -et encore- ou les tantouzes du Sud, et le bouclier, c'est pour les lâches. L'ennemi, tu l'affronte comme la vie : les bras écartés pour mieux mettre un coup de tête. Sacré Père, c'était pas un lettré, mais il trouvait toujours des bons mots, toujours dans le même registre, certes, mais au moins il se contentait de faire ce qu'il savait faire, pas comme certains.
Ca commençait à bien aller pour moi, le plupart de ceux qui me détestaient avaient finit par s'habituer à moi, et une bonne partie était même devenu des amis, il faut dire que malgré un passif assez lourd, je savais toujours trouver les mots juste et avait fini par être jugé comme quelqu'un d'agréable à cotôyer.
La chose que mes adversaires craignaient le plus, ce n'étaient pas tant mes coups de poing (faut dire, à un contre six, on se rend vite compte que c'est limité), mais les piques assassines et le regards inquiétant que j'utilisais pour qu'on me fiche la paix.
Ah, et il y avait les filles aussi. Non seulement j'étais le plus débrouillard pour leur parler, mais mon air un peu exotique et la finesse de mes traits m'apportait un certain succès avec elles, ce qui m'aidait à me faire d'autre amis ("dis, tu connais Alya, non ? Je te vois discuter avec elle des fois, heuu... tu pourrais lui demander ce qu'elle pense de moi ?" Ben voyons...)
Donc au final, on peut dire que j'avais fini par m'intégrer, ce qui en soit était une victoire sur la vie (et sur cette conne de sorcière). Ca c'était avant mes 16 ans, avant que les pouvoirs apparaissent...
ça a été une belle surprise lorsque, pendant une joute amicale de bataille au poing à la fête du village, une étrange énergie violette a jaillit de mes mains pour accompagner le coup de poing que j'avais donné. L'autre a failli pas en réchapper... Il a été malade comme un chien, et moi regardé de travers. Encore. Merci la vie, super, sérieux ça fait plaisir.
Père, préoccupé par cette histoire, a agit comme il en avait l'habitude : de manière très directe. Il m'a réveillé un matin pour me dire "viens, on va faire une course dans la vallée d'à côté, prend tes armes." Lui avait déjà revêtu Erenvil, sa chemise de maille en mithral et Surtur, son épée de feu (oui, j'ai oublié de dire qu'il faisait partie des meilleurs guerriers du village peut-être ? Il a récupéré ça lors d'un pillage chez je-sais-plus quelle tantouze du Sud.).
Il a pas trop voulu me dire où on allait, mais s'est contenté de baragouiner un truc genre "on va chercher une solution là où il devrait y en avoir une". Un instant je me suis dit ça y est, c'était la bizarrerie de trop, il va me lâcher dans la neige et me dire de me démerder, ou se battre contre moi...
Et bien non, il m'amenait voir la sorcière et sa prophétie.
ça a commencé poliment au début, si si, c'était quand même une sorcière, on lui doit le respect.
Après une épaule déboîtée et une mâchoire fracturée, mon père a menacé d'utiliser l'épée, elle a donc commencé à parler.
Selon elle, j'étais un enfant des démons, et c'est d'eux que tenais mes pouvoirs, les démons auraient pris l'apparence de mon père pour tromper ma mère, ou un truc comme ça, c'est pas très clair quand quelqu'un parle avec une mâchoire pétée.
Mon père l'a assez mal pris cette histoire, et il lui a soutenu qu'elle mentait, et que ça ne s'était pas passé comme ça. Bon, trois menaces dont une mise à exécution plus tard, elle a dit que le seul moyen pour moi d'apprendre à contrôler mes pouvoir -dont je ne pourrais jamais me débarrasser- ce serait de partir vers le sud où je rejoindrais ma destinée.
Cette histoire de destinée, c'était un peu trop pour mon paternel, et là, ça l'a vraiment gonflé.
Avant de crever dans ses tripes, la sorcière a dit que les démons savaient que mes pouvoirs étaient dorénavant actifs, et qu'ils étaient partis me chercher. Père et moi nous somme regardé, l'air de dire "et alors ? qu'ils viennent" et on l'a joyeusement achevée.
Sur le chemin du retour, on a quand même fait un peu gaffe, dès fois que les démons viennent vraiment, mais de tout le trajet, rien. Nous en étions donc quitte à essayer de trouver une autre solution pour mes pouvoirs... ça allait pas être facile.
Ce n'est qu'une fois au village qu'on s'est rendu compte que la grognasse n'avait peu être pas dit que des conneries : Des titanides attaquaient le village depuis des heures et la bataille avait pas l'air gagnée d'avance...
Ni une ni deux, on s'est jeté dans la mêlée avec mon père.
La suite, je vais vous la faire courte, ça a été sanglant, très sanglant, et une bonne partie du village y est passé.
Le conseil s'est réuni le lendemain, et mon père a raconté l'histoire de la sorcière (en oubliant toutefois de notifier qu'on lui avait un mis une volée, et qu'elle était un peu morte). Le conseil, sachant que me bannir serait une très mauvaise idée vis-à-vis de la réaction de mon paternel, a décidé d'ajourner sa décision "le temps de réfléchir".
La décision, c'est mon père qui l'a prise le lendemain, quand les titanides sont revenus.
là encore, ce fut sanglant. Mais les plus faibles ayant déjà crevé la veille, on a eu un peu moins de perte, mais des pertes quand même.
Mon père a alors donné du crédit à l'histoire de la sorcière : c'était moi que les bestioles cherchaient, et il fallait que je parte au Sud pour trouver mon machin, là. Ouais, destinée.
La mort dans l'âme, je prépara mes affaires pour le départ. Mon père m'offrit Surtur et Erenvil, ce pourquoi je l'en ai grandement remercié.
Je suis parti sur l'heure, dans une ambiance un peu étrange... j'avais finalement trouvé ma place dans ce village, et les gens me regrettaient (les filles, surtout), mais d'un autre coté, c'était un bizarrerie et une éventuelle menace qui s'éloignait.
Les titanides ont attaqué de nouveau à la tombée de la nuit, j'étais bien trop loin pour faire quoi que ce soit, mais j'ai entendu leurs cors de guerre et j'ai vu les flamme.
J'ai jamais su si le village ou mon père avait survécu. J'ai même jamais su si les titanides en avaient vraiment après moi si ça n'avait rien à voir... Je crois que je le saurais jamais. Je pense pas à retourner au pays, je préfère penser qu'ils sont morts, ça fait moins à regretter.
Depuis ce jours -j'avais 17 quand je suis parti- je me balade à la recherche du savoir. Je veux en apprendre toujours plus, en savoir plus sur moi, sur mes pouvoirs, sur ma prétendue "destinée"; j'en profite toujours pour m'en mettre plein les fouilles, pour me faire mousser, pour récupérer les éloges de quelqu'un d'autre ou me faire une fille de plus. Je profite de la vie en attendant qu'elle me rattrape.
Ce qu'elle a fait il n'y a pas longtemps aux abords d'une putain de ville à la frontière Calastienne.
Ah, j'en ai appris, fait et vu des belles, là-bas, mais dès fois je me dit que ce jour là, j'aurais mieux fait de me casser une jambe...
"Il aura les cheveux de Neige
Et les yeux fendus par la griffe du Temps
En son temps, il se liera au cortège
De trop de rêveurs impénitents
Son existence est vouée au sacrilège,
Sa destinée le sera aux Titans
Prenez garde à ses sortilèges
A son être, ses geste, ses mots exaltants."
Ainsi parla une sorcière à moitié timbrée d'Abadie. Cette folle a prononcé cette "prophétie" le jour de ma naissance. Les premiers vers en étaient du coup un peu faciles...
Bon, a posteriori il s'est avéré qu'elle a eu plutôt raison sur le reste. Il n'empêche que cette radasse ne m'a pas rendu la vie facile avec ses avertissements. Considéré comme un mauvais présage par tout le village ne m'a pas aidé à avoir une enfance facile...
Ma mère est morte en me donnant naissance -ça non plus n'aide pas à avoir l'amour de la famille-, quand à mon père, je sais qu'il avait des doutes quand à ma légitimité. Il faut dire que j'étais loin de son gabarit de grand brun au yeux verts avec ma tignasse blanche (déjà fournie à la naissance) et mes yeux jaunes à l'iris fendu.
Il faut reconnaître ça à mon père : ce n'était pas un modèle d'amour, ni d'ailleurs de finesse. Mais lui, contrairement à la plupart des autres habitants du coin, de m'a jamais repoussé pour ce que j'étais. Je suis né de sa femme, je suis donc son fils. Point.
Se voilait-il la face par honneur ou savait-il des choses que j'ignorais, on peut dire que sa présence m'a fait du bien.
C'est lui qui m'a rompu aux arts du combat; son entraînement n'était pas facile, d'autant que j'était plutôt un gringalet à l'époque. Mais courir presque nu dans la neige avec des loups au train, chasser la biche avec un hache de lancer, ou encore escalader des pins en plein hiver en tractant des rondins a eu tôt fait de me forger une musculature qui, à défaut d'être imposante ou égale à celle du paternel, avait le mérite de me faire un tant soit peu respecter par les autres garçons de mon âge.
Apprendre à esquiver les pierres que l'on me jetait déjà à l'époque fut également bien salvateur pour mon futur, mais passons l'apitoiement du "pauvre malheureux que personne n'aimait". Il faut admettre que je leur rendait bien, à ces fumiers; eux attaquaient en groupe, en plein jour, moi je les prenait dans le dos, pendant qu'ils pissait après avoir bu un coup, et je n'arrêtait jamais de taper avec que l'autre pleure du sang ou arrête de bouger.
Puis, Père (Aldric Azrel, de son vrai nom) m'apprit les arme lorsque j'eu 12 ans. Un bonne épée à deux mains ou une grand hache de bataille, ça c'était de l'arme, l'arc c'est bon pour les chasseurs -et encore- ou les tantouzes du Sud, et le bouclier, c'est pour les lâches. L'ennemi, tu l'affronte comme la vie : les bras écartés pour mieux mettre un coup de tête. Sacré Père, c'était pas un lettré, mais il trouvait toujours des bons mots, toujours dans le même registre, certes, mais au moins il se contentait de faire ce qu'il savait faire, pas comme certains.
Ca commençait à bien aller pour moi, le plupart de ceux qui me détestaient avaient finit par s'habituer à moi, et une bonne partie était même devenu des amis, il faut dire que malgré un passif assez lourd, je savais toujours trouver les mots juste et avait fini par être jugé comme quelqu'un d'agréable à cotôyer.
La chose que mes adversaires craignaient le plus, ce n'étaient pas tant mes coups de poing (faut dire, à un contre six, on se rend vite compte que c'est limité), mais les piques assassines et le regards inquiétant que j'utilisais pour qu'on me fiche la paix.
Ah, et il y avait les filles aussi. Non seulement j'étais le plus débrouillard pour leur parler, mais mon air un peu exotique et la finesse de mes traits m'apportait un certain succès avec elles, ce qui m'aidait à me faire d'autre amis ("dis, tu connais Alya, non ? Je te vois discuter avec elle des fois, heuu... tu pourrais lui demander ce qu'elle pense de moi ?" Ben voyons...)
Donc au final, on peut dire que j'avais fini par m'intégrer, ce qui en soit était une victoire sur la vie (et sur cette conne de sorcière). Ca c'était avant mes 16 ans, avant que les pouvoirs apparaissent...
ça a été une belle surprise lorsque, pendant une joute amicale de bataille au poing à la fête du village, une étrange énergie violette a jaillit de mes mains pour accompagner le coup de poing que j'avais donné. L'autre a failli pas en réchapper... Il a été malade comme un chien, et moi regardé de travers. Encore. Merci la vie, super, sérieux ça fait plaisir.
Père, préoccupé par cette histoire, a agit comme il en avait l'habitude : de manière très directe. Il m'a réveillé un matin pour me dire "viens, on va faire une course dans la vallée d'à côté, prend tes armes." Lui avait déjà revêtu Erenvil, sa chemise de maille en mithral et Surtur, son épée de feu (oui, j'ai oublié de dire qu'il faisait partie des meilleurs guerriers du village peut-être ? Il a récupéré ça lors d'un pillage chez je-sais-plus quelle tantouze du Sud.).
Il a pas trop voulu me dire où on allait, mais s'est contenté de baragouiner un truc genre "on va chercher une solution là où il devrait y en avoir une". Un instant je me suis dit ça y est, c'était la bizarrerie de trop, il va me lâcher dans la neige et me dire de me démerder, ou se battre contre moi...
Et bien non, il m'amenait voir la sorcière et sa prophétie.
ça a commencé poliment au début, si si, c'était quand même une sorcière, on lui doit le respect.
Après une épaule déboîtée et une mâchoire fracturée, mon père a menacé d'utiliser l'épée, elle a donc commencé à parler.
Selon elle, j'étais un enfant des démons, et c'est d'eux que tenais mes pouvoirs, les démons auraient pris l'apparence de mon père pour tromper ma mère, ou un truc comme ça, c'est pas très clair quand quelqu'un parle avec une mâchoire pétée.
Mon père l'a assez mal pris cette histoire, et il lui a soutenu qu'elle mentait, et que ça ne s'était pas passé comme ça. Bon, trois menaces dont une mise à exécution plus tard, elle a dit que le seul moyen pour moi d'apprendre à contrôler mes pouvoir -dont je ne pourrais jamais me débarrasser- ce serait de partir vers le sud où je rejoindrais ma destinée.
Cette histoire de destinée, c'était un peu trop pour mon paternel, et là, ça l'a vraiment gonflé.
Avant de crever dans ses tripes, la sorcière a dit que les démons savaient que mes pouvoirs étaient dorénavant actifs, et qu'ils étaient partis me chercher. Père et moi nous somme regardé, l'air de dire "et alors ? qu'ils viennent" et on l'a joyeusement achevée.
Sur le chemin du retour, on a quand même fait un peu gaffe, dès fois que les démons viennent vraiment, mais de tout le trajet, rien. Nous en étions donc quitte à essayer de trouver une autre solution pour mes pouvoirs... ça allait pas être facile.
Ce n'est qu'une fois au village qu'on s'est rendu compte que la grognasse n'avait peu être pas dit que des conneries : Des titanides attaquaient le village depuis des heures et la bataille avait pas l'air gagnée d'avance...
Ni une ni deux, on s'est jeté dans la mêlée avec mon père.
La suite, je vais vous la faire courte, ça a été sanglant, très sanglant, et une bonne partie du village y est passé.
Le conseil s'est réuni le lendemain, et mon père a raconté l'histoire de la sorcière (en oubliant toutefois de notifier qu'on lui avait un mis une volée, et qu'elle était un peu morte). Le conseil, sachant que me bannir serait une très mauvaise idée vis-à-vis de la réaction de mon paternel, a décidé d'ajourner sa décision "le temps de réfléchir".
La décision, c'est mon père qui l'a prise le lendemain, quand les titanides sont revenus.
là encore, ce fut sanglant. Mais les plus faibles ayant déjà crevé la veille, on a eu un peu moins de perte, mais des pertes quand même.
Mon père a alors donné du crédit à l'histoire de la sorcière : c'était moi que les bestioles cherchaient, et il fallait que je parte au Sud pour trouver mon machin, là. Ouais, destinée.
La mort dans l'âme, je prépara mes affaires pour le départ. Mon père m'offrit Surtur et Erenvil, ce pourquoi je l'en ai grandement remercié.
Je suis parti sur l'heure, dans une ambiance un peu étrange... j'avais finalement trouvé ma place dans ce village, et les gens me regrettaient (les filles, surtout), mais d'un autre coté, c'était un bizarrerie et une éventuelle menace qui s'éloignait.
Les titanides ont attaqué de nouveau à la tombée de la nuit, j'étais bien trop loin pour faire quoi que ce soit, mais j'ai entendu leurs cors de guerre et j'ai vu les flamme.
J'ai jamais su si le village ou mon père avait survécu. J'ai même jamais su si les titanides en avaient vraiment après moi si ça n'avait rien à voir... Je crois que je le saurais jamais. Je pense pas à retourner au pays, je préfère penser qu'ils sont morts, ça fait moins à regretter.
Depuis ce jours -j'avais 17 quand je suis parti- je me balade à la recherche du savoir. Je veux en apprendre toujours plus, en savoir plus sur moi, sur mes pouvoirs, sur ma prétendue "destinée"; j'en profite toujours pour m'en mettre plein les fouilles, pour me faire mousser, pour récupérer les éloges de quelqu'un d'autre ou me faire une fille de plus. Je profite de la vie en attendant qu'elle me rattrape.
Ce qu'elle a fait il n'y a pas longtemps aux abords d'une putain de ville à la frontière Calastienne.
Ah, j'en ai appris, fait et vu des belles, là-bas, mais dès fois je me dit que ce jour là, j'aurais mieux fait de me casser une jambe...
Background : Zenaïs
Ce genre de texte est appelé, dans le monde du jeu de rôle un "historique" ou encore "background". C'est ce qu'un joueur en train de concevoir un personnage donne au meneur de jeu afin que ce dernier comprenne qui est le personnage, d'où il vient, sa personnalité et comment l'inscrire dans l'histoire du monde et celle qu'il a prévue de raconter.
Ceci est donc l'historique de l'un de mes personnages, dans le jeu célèbre appelé Donjons et Dragons. Il se passe dans un monde appelé Terres Balafrées, publié par Sword and Sorcery Studio.
Un songe
Elle marchait avec appréhension à travers les plaines gelées, cherchant d'un regard désespéré la moindre trace de vie. Lentement, elle tourna la tête, et tout autour d'elle, rien de plus que la glace et le gel. Rien à des lieues à la ronde.
Au bout de ce qui lui semblait des heures, derrière une dune de givre, elle aperçu enfin un mouvement ! Courant sans se soucier du gel et du blizzard, elle gravit la dune pour contempler une vallée de douleur.
là, éparpillé, des corps par centaine, peut-être par millier. Aussi loin que portait son regard elle pouvait voir de pauvres gens agonisants. Humains, nain, gnomes, elfes, halfelin, et bien d'autre encore, certaines comme elle n'en avait jamais vu.
Ces gens gémissait de désir alors qu'ils mourraient de froid, leur derniers souffles devenant fumée blanche avant de mourir. Certains se griffaient les uns les autres en hurlant de plaisir, d'autre s'infligeaient lacérations et autres auto-mutilations. Les membres des hommes vigoureusement dressés, gorgés de sang, les seins des femmes gonflés, palpitants d'émotions, le ventre pris de convulsions saccadés.
Au loin s'avançait une armée titanesque qui marchait vers elle, comme en état de transe.
Alors que ses yeux mouillés de larmes d'horreur, de peine et dégoût commençait à ne plus pouvoir rester ouvert, un œil gigantesque s'ouvrit dans le ciel, un oeil innommable, indescriptible... Elle n'aurait pas pu le reproduire.. En fait, elle ne voyait pas un oeil, elle savait que c'en était un. Alors que ce dernier se braqua sur elle elle hurla.
Pour se réveiller, suante, dans sa paillasse. Elle se prit la tête dans les mains, assise la tête entre les genoux pour calmer son cœur qui battait à toute allure.
"Toujours le même rêve ?"
Âme, le papillon-plume qui la suivait partout où elle allait, avec qui, par la grâce de Syhana, elle avait finalement noué des liens étroits, s'inquiétait pour Zénaïs. Elle releva la tête avec un air fatigué, un sourire aux lèvres à l'attention de son ami qui s'exprimait dans son esprit.
"Oui, Âme, toujours le même cauchemar. Ils surviennent de plus en plus souvent maintenant.
-ça veut dire que "ça" approche ?
-Je ne sais pas. Je n'espère pas. Mais cela ne fait que confirmer mes soupçons. Elle tente de revenir, j'en suis sûre. il faut que je continue coûte que coûte. Je dois rejoindre l'ost des Ombres-Rêves à tout prix. Je suis sûre qu'ils pourront m'en dire plus.
-Et comment allons-nous faire ? ils ne vont pas nous accepter ainsi, n'est-ce pas ?
- Je ne sais pas encore, mais ils sont à Hotwelle, il faut que j'y aille aussi. J'improviserais sur place. Inutile de faire des plans, ils tombent toujours à l'eau."
Elle soupira et regarda par dessus le bord de l'arc-en-ciel les terres de Scarn. Tout paraissait si paisible vu d'en haut. Les jours à venir allaient être particulièrement difficiles, et elle ne savait pas par où commencer.
Par où avait-elle d'ailleurs commencé ?
L'histoire d'un frère
Le manoir de la famille de Rives était assez petit, mais coquet et confortable. Il se tenait dans les campagnes reculées de la Nouvelle Vénir. L'histoire de la famille n'était ni glorieuse ni digne d'être chantée, mais les paysans des terres avoisinantes reconnaissaient leur seigneur comme quelqu'un de bon. Et ils l'aimaient sincèrement, lui et toute sa famille.
Lorsque Shannon, premier fils de Hex de Rives vînt au monde, l'on célébra dignement la naissance de l'enfant à travers tout le comté, et le père fit exempter les paysans de la taxe saisonnière tant il était heureux. Il faut dire que cela faisait des années que lui et sa femme, Zelania, tentaient d'avoir un enfant. Beaucoup disaient que Madriel elle-même avaient offert ce don à la famille pour les récompenser de leur bonté et de leur piété.
Shannon eut une vie paisible de jeune héritier, il chérissait son père et sa mère, chérissait les dieux, et chérissait le peuple.
Un jour cependant, Zelania, la mère aimante, soufra d'un mal puissant que nul prêtre ne parvînt à chasser. Beaucoup disaient que c'était Belsameth qui la punissait d'avoir reçu des faveurs sa soeur.
Quelqu'en fusse la vérité, Zelania rendît l'âme entouré de sa famille et du personnel du château en pleurs, une main tenue par Hex de Rives, son mari effondré, et l'autre par Shannon de Rive, son très jeune fils qui ne comprenait pas pourquoi sa mère devait partir pour un long, très long voyage.
Tout le comté en porta le deuil pendant des mois. Et Hex de Rive le porta, comme son fils, bien des années.
Shannon devenait un adolescent torturé, car son père ne parvenait pas à se remettre de la mort de sa femme et il devait à la fois s'occuper du moral de son père et de la gestion des terres. Lui aussi souffrait de l'absence de Zelania, mais il ne pouvait pas se laisser abattre, sinon le comté n'aurait plus de seigneur; bien lourde responsabilité lorsque l'on a que quinze ans.
Un jour, sur les conseils du prieuré, il décida de trouver une nouvelle femme à son père, et fit battre la campagne à ses serviteur, prenant parfois la route lui-même, afin d'organiser des grandes festivités auxquelles sont père serait obligé de participer. Il espérait qu'une des femmes qui serait présente retiendrait son attention.
Il n'avait guère plus de seize ans à l'époque, et au détour d'une halte de voyageur, dans une petite auberge de campagne, tomba amoureux pour la première fois de sa vie : devant lui, au milieu de la salle commune, une jeune femme magnifique, d'environ une vingtaine d'année chantait avec une voix splendide les plus belles ballades qu'il avait jamais entendu. Elle avait la peau d'un blanc de neige, les cheveux d'un noir de jais, des yeux bleus plus brillants que des saphirs.
Il parvînt à la convaincre de venir chanter pour les festivités, espérant avoir plus facilement l'occasion de la conquérir. Elle devait le trouver bien trop jeune, mais lorsqu'elle verrait quelle prestance il avait dans sa tenue officielle, lorsqu'elle verrait que c'était lui qui gérait le domaine et que le peuple l'adorait, sans doute changerait-elle d'avis à son sujet.
Quelques semaines plus tard, la fête commençait. Maintes belles femmes se présentaient une à une auprès de la table du seigneur et de son fils. Hex les voyait comme des gens qui venait lui présentait ses hommages, des roturiers, de nobliaus ou des paysans, mais il ne les voyait jamais en tant que femme. Répondant poliment à toute les présentation; il cachait son ennui que son fils pouvait lui ressentir parfaitement.
Puis, le premier soir, il était temps aux baladins de se représenter. Shannon avait fait placer son amour en premier, espérant ainsi gagner un peu plus de faveur, recevoir une preuve de reconnaissance. Lorsqu'elle monta sur scène, il sentit ses deux voisins redoubler d'attention. l'un était son père, qui semblait subitement captivé, le deuxième était le prêtre du manoir, serviteur d'Hedrad, qui était surtout très tendu. Shannon ne comprenait guère pourquoi, et il s'en fichait, seule lui importait la vision magnifique de cette femme splendide.
Au terme de la représentation, un tonnerre d'applaudissement; Hex s'était levé et criait bravo à pleine bouche, frappant dans ses mains avec vigueur, une vigueur qu'on ne lui avait plus connu depuis le décès de sa femme. Il était sous le charme.
Shannon était subitement anéantit... Ce n'était pas possible ! c'était son amour à lui ! Avant qu'il put s'approcher de son père pour lui parler, le prêtre d'Hedrad le retînt par le bras, et lui demanda de le suivre.
Ce dernier lui demanda si il connaissait cette femme, où il l'avait vu, ce qu'elle faisait ici; c'était un interrogatoire en règle, et le prêtre semblait nerveux. Et Shannon ne savait pas pourquoi. Il lui répondit de bonne grâce, sans pouvoir lui extorquer la raison de son intérêt pour cette femme. Le prêtre lui dirait qu'il lui expliquerait tout, mais plus tard, et quitta les festivités.
Lorsque Shannon revînt à la table d'honneur du banquet, son père avait fait installer une chaise à ses côtés où était assise celle dont il était tombé amoureux quelques semaines plus tôt, qui semblait déjà conquise et captivée par le caractère, la culture, la gentillesse et l'humour extraordinaire de Hex de Rives.
Shannon versa une larme et se retira dans ses appartement. Déchira rageusement ses poèmes, et se saoula jusqu'à l'évanouissement pour la première fois de sa vie.
Sandra, la belle barde, devînt la nouvelle femme d'Hex de Rives quelques mois plus tard. Et ce fut la liesse dans le comté. Sauf pour Shannnon et un certain prêtre. Le jeune de Rives assista à la cérémonie, partagé entre le bonheur de voir son père reprendre goût à la vie, et cet amour amer et déçu qu'il éprouvait pour sa belle-mère. Amour qui au fil des années se muera en aversion. Non pas qu'il lui en veuille particulièrement, mais la voir lui rappelait une douleur qui aujourd'hui encore restait vive. Il l'évitait au maximum. Cette dernière ne le comprenait pas, et pensait qu'il lui reprochait d'essayer de remplacer sa mère. Shannon entra à cette époque dans des colères noires, lui disant qu'elle ne comprenait pas, qu'elle ne pouvait pas comprendre, et qu'il valait mieux qu'elle ne comprenne jamais.
Pour tout le monde dans la château, Shannon haïssait sa belle-mère, ce qui dégrada grandement les relation entre le père et le fils. Le jeune de Rives s'en ouvrit à Sonate, le prêtre d'Hedrad. Sonate comprit la situation, et jugea qu'il était bon ne pas révéler ces sentiments qui allait affaiblir à la fois Shannon, son père, et sa belle-mère. Usant de l'argument du sacrifice pour le bien collectif, il suggéra au jeune héritier de s'engager dans les ordres, dans les ordres chevalier du paladinat, qui lui permettrait ainsi de conserver son rang noble et de succéder à son père lorsque celui-ci rendrait son âme aux dieux. Il lui expliqua également ce qu'étaient les titanides; et lui révéla que sa belle-mère en était une; visiblement inoffensive et sincère, mais une titanide tout de même.
Pour le jeune homme, s'éloigner du château et sa famille, et partir sur les routes à la conquête d'un idéal était la meilleure chose qui pouvait lui arriver maintenant. Sans doutes parviendrait-il alors à oublier toute cette histoire d'embrasser de nouveau la vie.
C'est ainsi que Shannon de Rives devînt paladin de Corehan, ne revenant au château que pour la naissance de sa demi-soeur et la voir grandir, et plus tard, il devînt membre de la compagnie des Murmures.
Mais cela est une autre histoire.
L'histoire d'une étrange jeune fille
Nous étions en plein hiver, alors que les paysans se pressaient autour de l'âtre pour se réchauffer après avoir rentré les bêtes. Le moindre son son dehors était étouffé par la neige cotonneuse. Un manteau blanc recouvrait la campagne de la nouvelle Vénir.
Le travail avait duré longtemps, l'enfant ne voulait pas sortir. Il faut croire qu'il avait attendu la nuit la plus froide pour daigner sortir du giron de sa mère. Sandra tentait bien vainement de rester digne dans l'effort, Hex ne cachait pas sa joie et son inquiétude. Shannon, alors paladin de Coreahn, attendait dans la pièce à coté, nourrissant de bien sombres pensées.
Lorsque l'enfant sortit enfin, et que la sage-femme le récupéra, elle poussa un cri strident. Elle croyait le bébé mort tant il était froid. Mais la jeune fille, puisque c'en était une, avait des yeux d'un bleu éclatant, grand ouvert et regardant les formes autour d'elle sans les voir.
Le cri avait alerté le paladin, fait s'évanouir la mère dont la main était tenu par le père. Shannon avait presque l'épée en main en ouvrant la porte avec fracas, et seule la sage-femme y avait prêté attention. Seulement cette dernière avait d'autre chat à fouetter, une mère qui s'évanouit juste après la naissance n'est pas de bonne augure, et il lui fallait s'occuper d'elle. Sans lui demander son avis, la vielle dame fourra le bébé entre les bras du paladin qui, plus surpris que face à une embusace d'homme-rat, balbutia quelques syllabes qui avait dû à l'origine être des mots.
Alors que tout le monde s'affairait autour de Sandra, Shannon avait lui sa petite soeur, sa magnifique petite soeur, dans les bras. Et cette dernière, contrairement à tout ce qu'on lui avait dit sur les bébés qui venaient de naître, n'était pas fripée, avait les yeux ouverts, et il cru distinguer un sourire alors que les grands yeux de celle qui s'appellerait Zénais le fixait avec attention. Ses petites mains malhabiles attrapèrent le doigt ganté de fer de son demi-frère. Lui qui pensait que cet enfant mériterait le bûcher, la seule chaleur qu'il voulait à cet instant lui faire connaître était celle de son amour.
Un tout petit papillon bleu et noir, qui avait cherché refuge contre le froid sur une tenture près de la cheminée, vînt voleter autour de l'enfant. Se posa sur sur sa tête avant de repartir comme il était venu. Dehors la neige tombait avec douceur. Shannon y vit plus qu'un signe divin. Il devrait protéger et chérir ce petit être entre ses bras. Lui dont la seule manière de faire le bien qu'on lui avait inculqué était de détruire le mal, se trouva subitement avec une vie entre les bras qu'il jugeait de meilleure valeur que la sienne. Il enleva son gantelet et caressa la tête de sa sœur avec un air attendrit.
Sandra qui s'était réveillée, Hex et la sage-femme, qui observaient la scène, se retinrent de tout commentaire pour ne pas interrompre cette scène magique.
La jeune Zenais grandissait dans une maison pleine de bonheur et de rires. Cette époque était particulièrement joyeuse dans le château, car Shannon, qui auparavant ne revenait que pour l'anniversaire de son père, s'arrêtait au château de Rives dès que cela lui était possible pour voir sa demi-sœur. Il avait toujours beaucoup de mal en présence de sa belle-mère, et celle-ci s'en rendait compte. Lorsque le paladin arrivait, elle essayait, autant que faire se peut, de ne pas être dans la même pièce que Shannon. Elle pensait que ce dédain était lié au fait qu'elle était titanide, ce qui n'était qu'en partie vrai. Shannon quittait toujours la pièce lorsque Zenais réclamait sa tétée et que Sandra défaisait son corsage. Seul Sonate était au courant des véritables raisons de ce comportement; et il s'inquiétait qu'il perdure avec le temps.
Mais les disputes et les crises de colère n'arrivaient quasiment plus. Les repas à table avec la belle-mère et le fils étaient dorénavant possibles, même si Shannon était visiblement mal à l'aise.
Zenais ne voyait rien de ces rapports conflictuels. Elle mit même du temps à comprendre que sa "maman" n'était pas la même que celle de son "frère". Mais une chose était sûre : son frère était quelqu'un d'extraordinaire, un vrai chevalier des légende, de beau, de patient, de compréhensif et de drôle. Elle l'idéalisait à l'extrême. Lui avait beau lui dire que parfois, il était tenu de faire des choses qui n'étaient pas très chevaleresque, lorsqu'il partait en chasse des titanides, mais elle ne l'écoutait pas dans ces cas-là.
Un jour, cependant, elle demanda à son frère ce qu'était au juste un "titanide", elle imaginait des monstres affreux, des dragons ou autre créature de cauchemar.
La seule réponse de Shanon fut "demande à ta mère". Il avait était ensuite partit se promener, laissant seule la jeune fille et ses questions.
Zenais, prenant tout ce que disait son frère comme pain béni, s'enquéri auprès de sa mère de cette question. Elle n'eut comme seule réponse qu'un mutisme gêné. Puis Sandra caressa la tête de sa fille avant de lui répondre le sempiternel "je t'expliquerais lorsque tu sera plus grande".
Mais la jeune fille, espiègle et curieuse, ne l'entendait pas de cette oreille. Si personne ne voulait le lui dire, c'est que c'était un secret bien gardé, et les secrets bien gardés n'existent que pour que l'on fasse tout pour les découvrir.
Elle redoubla alors d'effort, à la grande surprise de ses tuteurs, pour parfaire sa lecture. à six ans elle était dorénavant capable de lire et de comprendre la grande majorité des textes qui lui tombaient sous la main. C'est alors que commença la "chasse au trésor".
Il n'y eut pas un livre dans tout le château qu'elle ne lu en cachette, dont certains très osés qu'elle ne comprenait pas, mais sait-on jamais, une information cachée sur ces fameux titanides pourraient lui échapper.
Lorsqu'elle en arriva aux livres d'histoire sur la grande guerre, ou les livres religieux de l'étude de la chapelle, elle commença à entrevoir le problème : qui étaient les titans, pourquoi il fallait les combattre, pourquoi tout les dieux étaient du coté des mortels, même les plus terrifiants... Mais le moment le plus révélateur fût celui où elle tomba sur ce passage :
"Les titans versèrent leur sang sur le monde, et en de mains êtres. Nombreux furent ceux qui en furent infectés, et devinrent des titanides.
Les plus connus sont bien évidemment les hommes-rats ou les arachnogobelins, les créatures les plus facilement identifiables comme ayant une affiliation avec les Titans.
Mais n'oublions pas que leur lignage peut être bien plus subtils; certaines personnes, quelque soit leur race, portent les stigmates de cet héritage funeste. Le plus souvent, c'est dans les yeux que cet héritage se manifeste. Mais aussi dans les pouvoirs inhérents que le sang des Titans leur permet de manifester.
Certains se cachent parmi les plus hautes sphères de notre société, profitant de la méconnaissance du commun des mortels pour se faire passer pour des gens comme les autres. Nombreux sont les titanides qui servent discrètement de noirs desseins en se cachant ainsi. Heureusement, certains veillent. Certains paladins, notamment révérant Coreahn, sont spécialisé dans la recherche et la traque de ces créatures pour le bien de tous."
Pour Zenais, le monde s'effondrait autour d'elle. Elle savait que ses yeux -tout comme ceux de sa mère- n'étaient pas communs, qu'elle ressentait des choses, qu'elle avait certaines particularité, certaines affinités. Elle ne savait pas d'où cela venait mais se rendait bien compte Qu'elle et sa mère étaient différentes; jusqu'à ce jour, elle ne savait pas à quel point.
Elle fut paniqué : devait-elle, elle aussi, agir en secret contre le monde ? sa mère faisait-elle ce genre de chose ? Ce serait pour ça que son frère et elle ne s'entendait pas ?
Son frère ! il était paladin de Coreahn, cela voulait-il dire qu'il allait les tuer, elle et sa mère ? Et pour "le bien de tous" ?
En larme, elle fuit dans sa chambre pour rassembler ses maigres affaires d'enfant. Lorsque sa mère vînt s'enquérir d'où elle était passé, elle la trouva son baluchon prêt et l'enfant en pleurs, ses larmes se muant en givre sous ses yeux. Zenais supplia sa mère de rassembler ses affaires pour partir avec elle puisque son frère allait les tuer toutes les deux. Devant la surprise de sa mère, Zenais crû lire une confirmation.
Sandra n'était pas folle, elle voyait que sa fille avait compris certaines choses, mais ce qu'elle voyait surtout, c'est que l'air autour d'elle devenait plus froid, que de la fumée blanche sortait de sa bouche et que ses cheveux flottaient au vent dans une pièce close. Elle commençait à manifester un pouvoir jusqu'alors en sommeil. Et elles savait que c'était l'état émotionnel de sa fille qui provoquait l'apparition précoce de ces manifestations. Il ne fallait surtout pas la contrarier. Tout en se voulant rassurante, elle allant dans le sens de sa fille en lui disant de l'attendre dans sa chambre pendant qu'elle allait chercher ses affaires.
Mais en lieu et place d'affaire, c'est Shannon qu'elle ramena. Ce dernier l'air grave, se mis à genoux devant de la fillette qui était dans un véritable état de surexcitation. Du givre recouvrait la fenêtre, l'eau du vase avait gelé, faisant éclater ce dernier, les bris de verres pris dans la glace. La température en était presque insoutenable; en plein mois d'août.
Paniqué, contrit, la larme à l'oeil en se rendant compte que sa petite soeur chérie pouvait penser qu'il voulait la tuer, il la prit par les épaule et lui jura de tout son âme que jamais il ne voudrait lui faire du mal, qu'il serait toujours là pour la protéger; qu'il ne fera jamais de mal non plus à sa mère. Les mains du paladin était gelées, de la peau restait collée sur les épaules de la jeune fille, mais Shannon n'en avait cure. Sa mère usa de son propre pouvoir pour apaiser l'enfant. Bientôt le calme était revenu et Zenais pleurait dans les bras de son frère. Sandra si proche d'eux que Shannon en crû défaillir. Ses sentiments étaient toujours vivace après tout ce temps; et l'âge n'avait pas enlevé du charme à la sorcière des vents, bien au contraire. Mais en cet instant, les trois être étaient plus proche qu'ils ne l'eurent jamais été.
Zenais se reposait dans sa chambre alors que Shannon eut une longue, très longue discussion avec Sandra; dont la jeune enfant ne connu jamais la teneur.
Sandra de Rives prit ensuite ses responsabilité, elle instruit sa fille de son héritage, de l'histoire de cette lignée, sans jamais cacher un soupçon de ce qu'elle pensait être la vérité. Elle apprit également les rudiments de la magie à sa fille afin qu'elle apprenne à contrôler son pouvoir. Hex faisait mine de ne rien savoir, mais il n'était pas dupe; Il ne fit cependant aucun commentaire et continua à aimer sa famille et ses gens, comme il l'avait toujours fait.
Des années passèrent, et Zenais était devenue une magnifique jeune femme. Instruite de l'histoire des titans et des dieux, consciente de son état, de ses pouvoir. Consciente de ses responsabilité, et de son corps.
Elle ne pouvait se promener en ville sans recevoir dix demandes en mariage, sa beauté égalait celle de sa mère, sinon la dépassait. Elle apprit très tôt à profiter de l'attrait que l'autre sexe (et pas seulement) avait pour elle. Sans pour autant se jouer des autres, elle obtenait ce qu'elle voulait, ni plus, ni moins. Son charme naturel secondé par sa magie aurait pu en faire l'une des meilleure politicienne du royaume, si seulement elle en avait eut quelque chose à faire.
Dévote, elle priait Madriel d'aider sa famille, Coreahn d'aider son frère, et Syhana de veiller sur son peuple. Elle rêvait d'aventures et de voyages, de voir le monde dans toute sa grandeur. Mais des récits de son frère, elle avait aussi retenu la dureté du monde, et les dangers dont il grouillait. Elle avait beau avoir confiance en ses capacités, elle savait que seule sur les routes, elle n'aurait pas sa chance. Elle était coincée là.
La vie continuait paisiblement dans le comté de Rives, et la vie de Zenais, aussi paisible et heureuse qu'elle soit, commençait à la peser. Elle chercha le réconfort chez les hommes, y trouva du plaisir charnel -elle ne descendait pas de Goulabehn pour rien- mais ni les profonds sentiments qu'elle espérait, ni le bonheur autre que celui de la découverte. Elle essaya les femmes, mais si les plaisirs étaient différents, l'absence de contentement émotionnel ne l'était pas. Il lui manquait toujours quelque chose. Il y avait tout un pan de sa personnalité qu'elle n'arrivait pas à épanouir. Elle aimait son frère, bien sûr, sa mère et son père, les gens du château et du comté, mais il lui manquait quelque chose; elle entendait parler, et vu certains membres de la compagnie de son frère, entouré de gens avec qui il risquait sa vie, liant dans la tourmente des sentiments plus profond que l'amitié. Elle l'enviait pour cela. Elle restait coincé ici, entouré de gens qu'elle adorait, certes, mais qui n'apportait aucune nouveauté à une adolescente en manque de frissons.
Elle se perdait souvent volontairement dans la forêt, cherchant les bosquet à papillon. Son frère lui avait dit que l'un d'entre eux s'était posé sur elle à sa naissance, elle cherchait leur compagnie sans trop savoir pourquoi, appréciant leur présence; elle restait des heures allongée dans l'herbe à les regarder volleter, ne bougeant pas d'un pouce lorsque la pluie commençait à tomber.
Et puis les rêves ont commencé.
Très flous d'abord, dont au matin il ne restait rien de plus qu'un sentiment de malaise. Ces moments où l'on savait que l'on faisait un cauchemar, mais au réveil, on ne se souvient pas pourquoi on est en sueur, le coeur battant la chamade. Des cauchemars, elle en avait déjà fait, mais qui lui laissait un tel sentiment au matin, jamais.
Elle n'y prêtait guère attention la première fois. Mais lorsque cela recommença, lui laissant un souvenir plus rude, laissant quelques bribes d'image dans sa mémoire, elle s'en inquiéta.
Étrange coïncidence, sa mère mère arborait la même mine déconfite qu'elle au matin. Lorsque que les deux sorcières des vents s'en rendirent compte, elle s'isolèrent pour en parler. Cela avait forcement un lien avec leur lignage, mais lequel ? Elle décidèrent d'un commun accord qu'il fallait en apprendre plus. Si la titane bougeait, ou ses serviteur, ce serait une catastrophe. Elles firent envoyer un message assez cryptique à Shannon, elles préféraient que personne d'autre ne soit en mesure de le lire au vu de leur condition, et usèrent de termes et d'expression que seul le paladin comprendrait. Même si Sandra et Zenais connaissaient tout les membres de la compagnie de Shannon, qui sait qui lirait le message avant qu'il leur parvienne.
Elle se fournirent le maximum d'ouvrage sur le sujet ou avoisinant, et mère et fille passaient leurs journées à s'user les yeux à la recherche d'information. Sandra était barde de profession avant de devenir dame, se perdre dans de vieux récits la passionnait. Rien de plus barbant pour Zenais. Elle se disputèrent souvent à ce sujet, mais Zenais finit par l'emporter : Elle serait en mesure de rassembler beaucoup d'information en partant les glâner elle-même, plutôt que de les rechercher dans des livres sentant la poussière et le moisi, contenant des informations de quatrième main datant de plusieurs décennies.
Hex de Rives fut plus dur à convaincre encore : son fils battait déjà la campagne dans les missions les plus dangereuses qui soit, il fallait maintenant que sa fille prenne sa suite. Après des jours de débats incessants, le charme et la persuasion des deux femme eurent raison de son opiniâtreté. Zenais fut tenté d'user de magie pour le charmer et accélerer le processus, mais sa mère le lui interdit : son père ne lui pardonnerait pas de l'avoir trompé, et elle non plus.
Vint le jour du départ, Sandra offrit deux présents de valeur à sa fille : un sceptre magique et un merveilleux gant, permettant de cacher ce que l'on voulait à l'intérieur. Zenais demanda avec une pointe d'ironie quel besoin de cacher quelque chose elle avait bien pu avoir pendant sa carrière de barde; Hex retînt un rire, et Sandra bouda quelques minutes. Mais ce fut bien tout.
Le départ eu lieu très vite : Zenais avait hâte de partir enfin à l'aventure, avec qui plus est un but bien précis, et elle avait également peur d'avoir du mal à quitter tout ce qu'elle avait jusque là connu. Les adieux furent bref, mais intenses.
Toutes les terres de Scarn s'offraient maintenant à la jeune femme. Elle n'était pas au bout de ses peines.
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